how can dreams become reality ?

 

« Qui songe à oublier se souvient. ». Une seconde, une minute, une heure de plus. Un corps, un homme, un de moins. Toujours la même routine pour une jeune fille qui passe trop de temps à vouloir oublier, et qui par concéquant ne fait que se souvenir. Un homme, cet homme, lui. Le one true love comme on le lit dans les livres dégoulinant d'amour. Mais la vie d'Orchidea n'est pas une fiction, loin d'être un beau film, c'est simplement la réalité. Une réalité qui n'implique aucun happy end, aucun happy ever after. Parce qu'Orchidea ne sera jamais heureuse. Elle le sait et en cet instant, alors qu'elle sort d'un immeuble en plein Kensington en laissant derrière elle une séance de jambes en l'air des plus fades, elle va tacher de l'oublier par le meilleur remède qui soit; le shopping. Ca avait toujours un effet positif et éphémère, mais ça fonctionnait, au moins un temps jusqu'à ce qu'elle avale un fond de vodka bien glacée. Oublier ce qu'elle venait de faire, oublier celui à qui elle avait pensé en le faisant et faire flamber sa carte bleue. C'était lâche surement, mais elle n'en n'avait que faire. C'était ça ou finir par péter les boulons au fond de son lit. Et ça, elle l'avait suffisamment fait.

Harrod's. Il ne lui avait fallu qu'un petit quart d'heure pour y arriver et elle jeta sa cigarette avant de s'engouffrer dedans. Cette petite robe blanche, courte et minimaliste qu'elle avait vu l'autre jour suffirait parfaitement à nourrir ce besoin d'acheter. Elle n'était pas très robe blanche, parce qu'elle se trouvait un air d'enfant avec, et que ça faisait un peu trop mariage à son gout. Mais elle avait flashé dessus et maintenant que ce profilait la grande soirée en l'honneur de la naissance du nouvel héritier, il était évident qu'elle devait l'acheter. Ce serait la tenue parfaite.
Quand enfin on lui tendit son sac et son ticket de caisse, elle soupira doucement, satisfaite. Elle se sentait mieux et y'avait de quoi. La mode c'était son truc après le théâtre et c'est ce qui lui avait permit de s'évader ces six dernières années. Et de tous les domaines, c'était le seul qui ne lui rappelle pas l'homme qui hantait son cœur et sa tête; Alessandro. Elle savait donc que pour la demi heure à suivre, au moins, elle n'y penserait plus. Elle ne penserait plus aux cours, au théâtre, à l'homme qui venait de la baiser, à l'homme qu'elle avait trop aimé. Juste à cette magnifique robe faite pour elle, qui l'attendait en magasin depuis une semaine.

Lorsqu'elle sortie de ce grand magasin luxueux, son cœur et son corps étaient plus léger. Si elle avait été normale, elle aurait même pu sourire. Mais son visage détendu suffisait; elle posa vaguement son regard autour d'elle, flottant presque vers la route. Insouciante, elle ne portait pas attention à ces regards qui se tournaient vers elle; elle ne remarqua pas non plus celui qu'elle aimait, encore et encore, au contraire. En apercevant cette silhouette, cette esquisse d'Alessandro comme une vieille hallucination dont elle était parfois victime, elle détourna le regard et continua son chemin, s’engouffrant dans un taxi. Maintenant, elle pouvait rentrer chez elle, plus tranquille. Et continuer sa vie comme elle en avait l'habitude, le métro boulot dodo 2.0, agrémenté de sexe, d'alcool et des fantômes du passé.