Londres, cette ville m'avait tellement manqué que je ne pouvais exprimer à quel point ma plénitude était totale. L'Angleterre en général m'avait manqué. La pluie, les volants à droites, la courtoisie des gens, les uniformes des écoliers. J'étais revenu à Londres depuis très peu de temps et pourtant je me sentais déjà comme chez moi. C'était quelque chose que je n'aurais jamais pu espérer. En fait, c'était une bonne idée de ma mère de nous abandonner Julianna et moi… Je vivais ma vie bien mieux sans elle. Surtout qu'il était hors de question que je remette un pieds au Canada. Non ! Je détestais ce pays de tout mon être, de toute mon âme. Il m'était inconcevable de retourner à Thunder Bay rien que pour y retrouver ma génitrice que je détestais.
J'allais encore profiter d'ici. De ces bus à étages, de ces cabines téléphoniques rouges, de ces taxis noirs, de ces bouches de métro dégueulasses.
Sans trop savoir où je me dirigeais, je décidais de prendre le métro. Peut-être qu'une destination me paraitrait attirante. Je ne savais pas trop. Il fallait que je découvre cette ville tout entière.

Alors que je fumais ma cigarette à l'entrée du métro, quelque chose me perturba. Il y avait ce visage qui m'était familier. J'écrasais ma cigarette alors qu'elle n'était même pas terminée et allait à la poursuite de cette femme. A peine deux pas plus tard, je l'appelais. "Eh ! Excuse moi!"
La brunette en question se retourna et alors je n'avais pas rêvé! Je connaissais bel et bien cette femme. Ou du moins je l'avais connu, l'espace d'une soirée alors que je vivais encore au Canada. Je réfléchissais quelque secondes pour pouvoir retrouver son prénom. C'était assez court… Une ou deux syllabes peut-être. "Uhm… Addie, c'est bien ça ?" C'était vraiment une excellent coïncidence de retrouver la jeune femme à Londres. Au Canada, j'avais craqué sur elle déjà pour son physique mais également pour son accent typiquement anglais. Cet accent m'avait tellement manqué pendant mon séjour en Amérique… c'était plus fort que moi.

C'était vraiment inattendu de croiser Addie ici. Londres était une très grande ville et il était rare de croiser des gens que l'on connaît. Surtout quand on ne connaît pas grand monde. Et à part Julianna, Juliette et ce mec avec lequel j'avais eu un accident… James quelque chose, je ne connaissais quasiment personne. C'était donc une très bonne surprise. J'étais impatient de savoir ce qu'elle était devenue et surtout, ce qu'elle faisait dans le coin.
"Cassidy" lui indiquais-je au cas où elle ne se souvenait plus de mon prénom. Je ne pouvais pas lui en vouloir, contrairement à moi, elle avait l'air d'avoir une vie trépidante. En plus, elle avait dû rencontrer beaucoup de personnes pendant son périple. "Eh bien… Je me suis installé ici il y a environ deux semaines avec ma demie soeur. Et toi alors qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es de retour au pays après ton tour du monde ?" Je souriais, vraiment heureux de la revoir. Certes, nous n'avions passé que très peu de temps ensembles à Thunder Bay mais je l'avais trouvé exceptionnelle. C'était bien l'une des meilleures choses qui m'était arrivé pendant mon séjour dans ce pays froid et enneigé qu'est le Canada.

"Wah, c'est franchement incroyable de te revoir…" déclarais-je, toujours autant sous le choc. Je détaillais à présent la silhouette de Addie, toujours aussi belle et rayonnante. "Je… uhm… Tu es occupée là ? Sinon peut-être qu'on peu aller boire un coup quelque part si ça te dit ? Je suis sûr que tu dois avoir des tas de choses à raconter, ton voyage a dû être fantastique!" demandais-je, me rendant compte que cette entrée de métro était incroyablement bondée et que nous bloquions le passage aux gens pressés qui ne voulaient pas louper leurs trains. Parmi eux, certains touristes qui ne savaient pas trop où ils allaient.     

Ma vie à Londres commençait à prendre une tournure tout à fait différent. Déjà, ce n'était plus la guerre avec Julianna, du moins, on avait vécu pire. Le fait de vivre les deux nous forçais à être courtois et à ne plus se faire des crasses inimaginables étant donné que nous avions besoin l'un de l'autre pour vivre. En plus de ce changement majeur, j'avais trouvé du travail : pas livreur de pizzas pour une fois, et à présent, je rencontrais une ancienne connaissance. Comme quoi, tout pouvait réellement arriver. "Oui, je veux bien te croire…" En effet,  toutes les bonnes choses ont une fin mais j'espérais que ma petite vie peinard à Londres n'allait pas s'arrêter de sitôt. Comme on le dit souvent, la roue tourne. Peut-être était-elle enfin en train de tourner en ma faveur après m'avoir donné des origines écossaises pourraves et m'avoir fait choper cet accent dont je me serais bien passé… Et c'est sans parlé du prénom que m'a donné ma mère.
Oui, la roue tourne et à présent, rien ne pouvait m'abattre. Surtout pas le fait de revoir une fille qui j'apprécie. On ne s'était jamais recontacté parce qu'on savait exactement dans quoi nous nous étions engager cette nuit là (ou presque). Du sexe, rien de plus.
"On a qu'à aller dans cette brasserie, je pourrais boire et toi tu pourras manger quelque chose" plaisantais-je tout en me dirigeant, côte à côte avec Addie en direction de ladite brasserie qui se trouvait à quelques mètres à peine de cette entrée de métro.  

Une fois à l'intérieur, nous nous installâmes à une table pour deux et je commandais une guinness pour ne pas perturber mes habitudes tandis que la jeune femme passait sa propre commande. "Alors, dans quel coin es tu installée ? Tu restes à Londres en fait ou tu es juste de passage ?" Assez rapidement ma bière me fut apportée. Par ces températures, il n'y avait rien de mieux qu'une bonne bière fraiche.

Je ne pouvais pas dire que j'étais un fin connaisseur également de Londres. Toutefois j'arrivais à ne pas me perdre, j'arrivais toujours à destination à l'heure attendue, ce qui ne était parfait. La brasserie dans laquelle nous venions de nous installer était très bien. L'ambiance y était tranquille, il n'y avait pas trop de monde à l'intérieur sans oublier la clim qui était la bienvenue par ces températures. Je pris une première gorgée de ma bière. Elle était excellente. Comme d'habitude en fait. La bière brune était définitivement ma préférée. Un peu comme les femmes en fait… Je fus surpris de constater qu'Addie commandait une boisson non-alcoolisée. Que se passait-il ? J'avais le souvenir qu'Addison était une bonne vivante qui ne se refusait jamais un bon verre. Je préférais rester silencieux pour le moment et continuer de tremper mes lèvres dans ma pint.
"Wah ! c'est fou ça ! Moi aussi je suis du côté de Camden ! Avec ma demie soeur on s'est trouvé un appart plutôt cool et pas trop cher. En plus ce quartier est juste magique, je doute que j'aurais pu trouver mieux." Le marché de Camden Town est juste magnifique. Je pourrais y passer des heures si je n'avais pas un boulot. Le meilleur était probablement tous les stands de nourritures, un jour je pouvais mangé turc tandis que le lendemain j'optais pour le japonais. C'était vraiment un endroit ou les cultures étaient mélangées. J'adorais cette optique. J'aimais être au beau milieu de gens que je ne connais pas, avec qui je n'ai aucun point commun sauf notre goût pour ce quartier magique.
Voyant la jeune femme siroter son diabolo tranquillement, mon envie de lui demander à propos de sa non-consommation d'alcool devenait de plus en plus forte. Allait-elle mal le prendre ? Pour le savoir, je n'avais qu'une solution, lui poser la question. Après une nouvelle gorgée, je me lançais. "Eh bien… je sais qu'on ne se connait pas vraiment, mais ça m'étonne de te voir prendre un simple soda, j'étais sûr que tu ne refuserais jamais un verre bien fort. Qu'est-ce qu'il se passe?" rigolais-je pour essayer de faire passer ma remarque plus facilement. Aussi, je rigolais tout simplement parce que j'avais envie de rire. Aujourd'hui, j'étais euphorique, la journée se passait tellement à merveille que rien ne pourrait la rendre mauvaise, pas même une crasse de Julianna. Non, ces moments ou l'on se sent invincible étaient bien rares alors j'allais profiter de celui là jusqu'au bout.

Et oui, nous étions presque voisins. J'avais moi aussi du mal à y croire. J'adorais ce genre de coïncidences. Celle ci d'ailleurs permit de me rendre encore plus heureux que je ne l'étais déjà . Nous trinquions alors suite à cette bonne nouvelle. Je commençais à voir plusieurs aspects pratiques par rapport au fait qu'Addie serait ma voisine. Une soirée bien arrosée de temps en temps qui se terminait au lit n'avait jamais fait de mal à personne hein ? Ceci dit, ce serait très vulgaire de ma part de le lui proposer de le sorte. Le tintement de nos verres s'entrechoquant retentit et alors nous pûmes continuer à savourer nos boissons respectives. Je fus heureux de remarquer que la jeune femme n'avait pas prit mal à réfléxion. Le contraire m'aurait profondément heurté. Je ne voulais pas lui paraître méprisable ni même insultant. Elle m'expliqua sa bonne résolution. J'acquiesçais. J'avais de l'admiration pour ce genre de personne même si je ne comprenais pas vraiment ce comportement et que je ne serais jamais assez fort pour faire de même. J'étais jeune et j'avais envie de profiter de mon foie du moment qu'il était pas moisi. Il ne l'était pas encore. Tant mieux. Finalement, elle confessa tout autre chose. Elle était enceinte. Oh… waouw… Je ne savais pas vraiment quoi répondre à cela. Pour moi, les enfants étaient une abomination. On devrait rendre la moitié de la population stérile pour qu'ils arrêtent de concevoir des MST qui vont et viennent en criant dans les parcs, ou au cinéma ou même au restaurant. Ceci dit, la demoiselle ne devait pas connaître mon aversion pour cette espèce. J'allais donc répondre comme une personne censée répondrait. "Wah, eh bien… félicitations…" déclarais-je avec la bonne humeur qui ne m'avais (quasi) pas quitter. "J'allais te faire une proposition indécente pour remettre le couvert mais je suppose que si jamais un soir tu avais envie... du coup… c'est mort." J'en avais conclus qu'elle était enceinte et donc heureuse en ménage avec le futur papa mais en voyant sa mine déconfite, je me mis à me poser des questions. Elle n'avait pas l'air si heureuse que cela. Et puis… Elle n'osait pas me regarder. Peut-être que c'était un mec pendant son voyage qui avait causé ce désastre. Une pensée immonde traversa mon esprit. Je l'enlevais instantanément de mon cerveau. Non. Ce. N'était. Pas. Possible.
Dans une ou deux secondes elle m'annoncerait finalement que l'heureux papa est son amoureux avec qui elle partage sa vie. "Courage pour les prochains mois sans alcool en tout cas" plaisantais-je pour essayer de détendre l'atmosphère de peur qu'un silence s'installe et que la conversation devienne inconfortable.    

J’hésitais. Devais-je assumer la non-proposition qui en été bien une à Addie et lui faire face ou devais-je détourner le regard et me concentrer sur autre chose. Sur quelque chose qui n’était pas une femme enceinte par exemple ? Finalement, ma curiosité me tuera certainement. Je zieutais la réaction de la jeune femme. Je n’avais vraiment pas loupé mon coup. Elle écarquilla les yeux ; J’allais lui dire d’oublier ce que je venais de dire, que c’était une plaisanterie quand elle me coupa avant même que j’eus le temps d’ouvrir la bouche. Cette fois, c’était à mon tour d’être surpris et surtout confus. Certes, j’étais au courant de faire l’amour avec une femme enceinte ne provoquait aucun risque pour la grossesse. Cependant, je ne m’étais jamais imaginé vivre une telle situation. Néanmoins, je ne pus m’empêcher de sourire. Qu’aurais-je dû répondre à une telle « avance » ? Ce n’était vraiment pas la réponse à laquelle je m’étais attendu. J’avais imaginé me faire gifler, me faire insulter de mec irrespectueux, de me faire jeter sa limonade au visage mais alors vraiment pas ça. Comme quoi, c’était la preuve que je ne connaissais pas vraiment Addison Kingston. Mon sourire s’agrandit. Je trempais mes lèvres dans ma bière pour en boire quelques centilitres et reposait le verre afin de reprendre.
« Je n’en doute pas… Ceci dit, je doute que ça plaise au futur papa. » Voilà qui restait vague mais qui était quand même quelque chose qui me tracassais. La jeune femme paraissait en effet ne pas avoir de compagnon actuellement. Surtout après sa dernière réplique à laquelle je rigolais également. Je pouvais avouer sans aucun doute que je respectais toutes les femmes enceintes qui devaient arrêter leur consommation d’alcool. Si les rôles étaient inversés, j’étais persuadé que pas la moitié des hommes pourrait réussir neuf mois sans boire. Respect. Toutefois, je ne voyais pas vraiment ou elle voulait en venir… Disait-elle ça car elle risquait de boire quelques verres d’ici la fin de la grossesse ou disait-elle ça car elle comptait plutôt faire une interruption volontaire de grossesse ? Cette question, je n’allais pas l’a poser. A la place, je me contentais de boire une nouvelle gorgée. Peut-être qu’avec plus d’alcool dans le sang, je deviendrais plus direct mais ce n’était pas encore le cas. Même si on pouvait avoir du mal à le croire, j’étais encore bien discret.

Après ma proposition franchement indécente -pas tant que ça finalement, puisque c'était lui qui l'avait lancée en premier- il me fixa pendant quelques instants, sans doute en quête d'une réaction. Il ne s'attendait visiblement pas à une telle réponse, et je le vis presque mal à l'aise. Finalement il me sourit. D'un de ces sourires que j'avais tant aimé au Canada, sans aucun doute l'un de ceux qui m'avait fait craquer. Je trouvais rarement un homme beau au premier regard, mais je tombais facilement sous le charme par la suite. Je croyais un peu au coup de cœur, et à la fascination. Cassidy lui, m'avait un peu fasciné par ses sourires carrément craquants. « Je n’en doute pas… Ceci dit, je doute que ça plaise au futur papa ». Aïe, point sensible. Cible anéantie, il m'avait eu.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui avait parlé de ma grossesse, mais le sujet du père allait forcément avec. Le problème, c'est que je n'avais absolument aucune idée de son identité, et que plus j'y pensais et plus... Non, ça aurait été une coïncidence énorme ! Ca ne pouvait pas être lui. « Oh je suis bien partie pour être mère célibataire, si c'est ça qui t'inquiète ». Encore une fois, j'étais un peu trop directe à mon goût. Pendant mon voyage à travers le monde je m'en fichais parce que je pensais, je dis bien je pensais, ne plus jamais revoir personne. Mais là, non seulement je me rendais compte à quel point j'avais eu tord, mais en plus j'avais bien l'intention de rester un petit moment à Londres. Je bus quelques gorgées de mon diabolo, préférant éviter sa réaction. Il fallait vraiment que je lui parle de mes doutes... Pourtant, j'avais peur d'être complètement à côté de la plaque, et qu'il me prenne pour une tarée. "Bon et toi, qu'est-ce qui t'a fait venir à Londres ?". Peut-être qu'avec un peu plus de cran, j'arriverais à aborder le sujet. Pourtant je m'en éloignais. Mais avec mon ventre qui s'arrondissait à vue d’œil, nous allions sans aucun doute y arriver.
Je bus une gorgée de mon diabolo menthe, oubliant l'absence d'alcool dans celui-ci, comme pour me redonner du courage.

Le sujet de la grossesse me mettait mal à l'aise. Plus j'y pensais, plus je trouvais que ce n'était pas si insensée que cela. Après tout, nous avions eu une relation sexuelle non protégée. D'autant que je sache, c'est ce qu'il suffisait pour mettre une femme enceinte. Je priais pour qu'Addison me raconte que le père était un libertin mais qu'elle était toujours avec lui ou quelque chose dans ce genre là. Ce ne fut pas le cas. Elle resta très évasive, et je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir des pensées infanticides. « Uhm… eh bien oui, en fait, ça m'inquiète » déclarais-je en finissant ma bière cul sec. J'avais envie d'en savoir plus, qu'elle me fasse part de ces songes ou même de son hypothétique connaissance du géniteur mais à la place, je restais silencieux.
Un peu plus tôt elle avait évoquer ne pas penser pouvoir rester sobre durant neuf mois. Je n'avais pas compris son allusion. Comptait-elle boire ou avorter ? Serais-je malpoli si jamais je lui posais la question aussi ouvertement ? Et puis, on disait souvent que les femmes enceintes avaient les hormones qui les travaillaient… Eh si elle se mettait à pleurer ? Ou alors à crier ?
Je n'avais jamais fait face à ce genre de situation et c'était très bien comme ça, je n'avais pas envie de commencer. C'est Addie qui finalement brisa le silence pour changer de sujet. Très bonne idée. Je lui souris à nouveau, histoire de décontracter mes muscles faciaux qui s'étaient crispés et je lui répondis le plus naturellement possible. Comme si toute la conversation d'il y a tente secondes n'avait jamais eut lieux. « Oh eh bien, j'ai toujours aimé cette ville et surtout je détestais vraiment le Canada alors avec ma soeur on a décidé de s'installer ici »
Faisant signe à la serveuse pour me resservir, je pensais à ce que je savais de la jeune femme et surtout, j'essayais de penser à la raison qui l'avait pousser à venir ici. Il ne me semble pas que nous en avions parlé lorsque nous nous étions rencontrés à Thunder Bay. Elle ne voulait pas vraiment parler de son passé, et sur le moment, je n'en avais pas eu l'envie non plus. « Et toi ? » demandais-je rapidement, avec une fausse assurance avant de finalement reprendre le sujet qui était un peu plus urgent. « Mais euh… je suis désolé de t'en reparler mais… Tu es enceinte de combien de temps ? Tu as des idées sur uhm… l'identité du père ? » J'avais du mal à poser ma question, par peur qu'elle se vexe mais c'était nécessaire. « En tout cas… même enceinte, tu es vraiment ravissante! » J'espérais finir sur une bonne note pour excuser ma mauvaise curiosité. Même si pour une fois, j'avais l'impression que ma curiosité était légitime.

« Uhm… eh bien oui, en fait, ça m'inquiète ». Je ne savais pas vraiment comment prendre sa réponse, d'autant plus que Cassidy but par la suite sa bière cul sec. Est-ce qu'il pensait à la même chose que moi ? Après tout, plus j'y pensais et plus je me disais que c'était probable... Il avait été le seul au Canada. Il y en avait eu d'autres avant, d'autres après... Mais il était le seul cette semaine là, et peut-être les semaines alentours également. Pourtant, s'il pensait quoique ce soit, il ne m'en fit pas part. Je pris la décision de ne pas poursuivre sur cette conversation, et de changer de sujet. Il sembla se détendre quelques instants, visiblement soulagé par ce que je venais de faire. « Oh eh bien, j'ai toujours aimé cette ville et surtout je détestais vraiment le Canada alors avec ma soeur on a décidé de s'installer ici ». C'était vraiment étrange, qu'on se soit tous les deux installés dans cette même ville quelques semaines après notre première rencontre. Il m'avait parut peu probable de revoir des gens que j'avais croisé dans un autre pays que celui dans lequel j'étais née. J'avais vu tout type de civilisation, de culture, de personnes... Et Cassidy. Qui, visiblement, avait marqué ma vie à jamais. « Je n'ai pas trouvé ça si terrible, le Canada. Je n'y suis pas restée très longtemps en même temps ». J'avais beau ne pas être sure de la fameuse nuit qui m'avait fait tomber enceinte, je savais que c'était à cette période là. Je revenais de mon mois aux États-Unis et... Et je n'avais eu aucune aventure. Mes pensées allaient et venaient si vite que je me sentais totalement déconnectée de la réalité, c'était franchement le bordel dans ma tête. J'en étais maintenant presque sure... Cassidy fit signe à la serveuse de le resservir, et j'en profitais alors pour commander une petite salade. J'étais quand même sortie pour manger normalement ! « Et toi ? ». En attendant mon plat, je réfléchissais un peu à sa question. En fait, je pensais que la principale raison à mon retour était tout simplement ma grossesse, mais n'était-ce pas également une mauvaise excuse pour revenir vers mon frère ? J'avais pas mal souffert de son absence ces six dernières années, et ça m'avait poussé à retourner le voir. Du moins c'est ce que je pensais, peut-être que j'attendais juste une occasion pour rentrer. « Ma grossesse ! C'est pas génial comme condition de voyage. Avec les nausées, les hormones qui me jouent des tours et tout ça... J'ai préféré rentrer et me pauser quelques temps ». Je n'avais pas pris des seins, comme toutes les jeunes filles qui se réjouissaient d'être enceinte juste pour ça. Moi je vomissais, j'avais des douleurs terribles, et des saletés de bouffées de chaleur. Je n'y voyais absolument aucun avantage, d'autant plus que je ne voulais pas de cet enfant ! « Mais euh… je suis désolé de t'en reparler mais… Tu es enceinte de combien de temps ? Tu as des idées sur uhm… l'identité du père ? ». Il était donc vraiment perturbé par ma grossesse... Et il y avait de quoi. Je réfléchissais et inspirais un bon coup, que devais-je lui dire ? Finalement, il aurait mieux fallut que j'arrête de penser. Plus ça allait et plus je trouvais le sujet difficile à aborder, mais après tout, lui aussi avait le droit de savoir ! Qu'il soit le père ou non, j'avais un doute et ça prouvait surement qu'il était concerné. « Non je ne sais pas qui est le père, mais ça fait presque deux mois et demi donc je pense que... Je pense que c'est arrivé au Canada, ou un peu après ». Félicitation, tu vas être papa ! Très mauvaise tentative, il fallait vraiment que j'arrête de réfléchir. « J'avais pas fait le rapprochement avant de te voir tout à l'heure mais... Cassidy c'est possible que ce soit toi ». C'était dit ! Maintenant, je craignais franchement sa réaction. Est-ce qu'il allait se mettre à rire ? A pleurer ? A m'insulter de folle ? Parce qu'en lui annonçant un truc comme ça, j'avais l'horrible impression d'être une dingue. « En tout cas… même enceinte, tu es vraiment ravissante! ». Je buvais un dernière gorgée de mon diabolo, pas vraiment certaine qu'il puisse penser une telle chose après ce que je venais de lui dire. J'avais beau apprécier l'effort, j'en étais plutôt gênée. « Merci... »

« Chacun ses propres goûts je suppose, personnellement le Canada était bien trop… froid pour moi. » Je rigolais pour détendre l'atmosphère avant de reprendre le sujet le plus délicat qu'il m'ait été donné d'aborder depuis des mois. Plus j'y pensais, et plus je m'en passerais.
Addison déclara peu à peu ses doutes au fur et à mesure de la conversation. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Elle m'expliqua tout d'abord la raison de son retour au bercail. Oui, suis-je bête, je n'avais même pas envisager cela comme réponse. J'avais dû mal à penser. Plus que d'habitude du moins. Et puis, mon coeur s'arrêta. L'espace de quelques secondes, j'avais le regard vide, perdu, incapable de réaliser ce que je venais d'entendre. J'y avais pensé, j'avais eu cette idée en tête mais elle m'avait rapidement paru trop saugrenue. J'aurais espéré que la jeune femme m'affirme une autre date, un autre lieu et surtout, un autre mec. Comment était-ce possible ? On devrait créer quelque chose pour empêcher les branleurs comme moi de pouvoir concevoir ce genre de MST : les enfants. Je ne savais pas combien de temps j'étais rester dans les vapes, à fixer l'horizon. Les centièmes de secondes ou des minutes entières. J'étais incapable de faire la différence.
Finalement, j'explosais de rire. Si fort que quelques personnes accoudées au bar se retournèrent pour voir qui était la cause de ce souque. C'était moi qui était simplement en état de choc. Je rigolais comme si j'avais appris la meilleure des blagues. J'avais mal au ventre à force de rire. J'étais à deux doigts d'avoir des crampes au niveau de la bouche lorsque j'arrivais enfin à me calmer. Je bus une gorgé de ma bière, me disant finalement que ce n'était pas possible. Qu'elle me mentait. « Non mais plus sérieusement, avoues, c'est Julianna qui t'as payé pour me faire une mauvaise blague ? Vous êtes de mèche ? » Cette proposition n'était si insensée que cela en fait. Enfin, elle ne l'était pas autant que le fait qu'Addie soit enceinte de moi. Après tout, elle vivait à Camden, elle aurait pu rencontrer Julianna, ma demie soeur et ensemble elles auraient décider de me faire une mauvaise plaisanterie. Je jetais des coups d'oeil furtifs dans la salle pour voir si Julianna était là pour nous espionnais. Je ne l'a voyais pas. « Je sais qu'elle est tordue et que c'est son genre de faire ce genre de blague mais quand même, je dois avouer que c'est un coup de maître ! »
Tout devenait plus clair finalement. Oui, rien de tout cela n'était réel. Je n'osais plus croiser le regard d'Addison, c'était trop pénible. Si jamais elle avait dit la vérité, comment étais-je censé réagir ? Lui prendre un rendez vous pour une interruption volontaire de grossesse sans attendre ? Ou quoi ? Je n'avais que 23 ans, avec aucune maturité. Si elle ne me mentait pas, alors j'étais mal. Jamais je ne pourrais assumer cet enfant. En y repensant, elle ne s'était même pas rappeler de mon prénom en me voyant dans la rue, la coïncidence aurait vraiment été trop grosse.
Une fois radouci, je relevais la tête vers la belle brunette. Timidement, je repris.
« Addie… Tu n'étais pas sérieuse hein ? Je veux dire, j'ai à peine vingt trois ans, je… c'est pas possible, je ne peux pas devenir père.  »

Il ne bougeait plus, ne respirait plus. Cassidy était en état de choc, son corps ne semblait plus lui répondre. Il resta comme ça un sacré bout de temps, mais je ne savais pas du tout si ça se comptait en secondes ou en minutes. Il n'avait pas l'air de respirer, et son apnée me faisait presque peur. A quoi pouvais-je m'attendre en lui annonçant un truc pareil ? Qu'il me saute au cou ? On ne se connaissait même pas, nous n'avions passé qu'une soirée ensemble... Finalement, il se mit à rire. Très, très fort. Il était comme pris d'un fou-rire et s'époumonait littéralement. Plusieurs personnes se retournèrent, sans doute étonnées par cette démonstration... de joie ? Certainement pas. Finalement il réussit à se calmer, et parvint à ouvrir la bouche. « Non mais plus sérieusement, avoues, c'est Julianna qui t'as payé pour me faire une mauvaise blague ? Vous êtes de mèche ? ». Je n'avais aucune idée de qui était cette Julianna. La seule personne que je connaissais qui portait ce prénom était mon insupportable voisine. On ne s'aimait pas franchement, et faire des crasses à l'autre était devenu notre quotidien mais... C'était peu probable que nous connaissions la même Julianna. Je le regardais sans comprendre, ne réalisant pas qu'il me plaçait au centre d'un conflit familial. « Je sais qu'elle est tordue et que c'est son genre de faire ce genre de blague mais quand même, je dois avouer que c'est un coup de maître ! ». Malheureusement, ce n'était pas une blague. J'aurais bien aimé moi aussi, qu'on m'avoue que c'était une caméra cachée les dizaines de fois où j'ai vu le résultat du test grossesse. J'avais pourtant persisté, pensant sans doute qu'au bout d'un certain nombre de fois le résultat serait différent. Je n'avais sans doute jamais autant pissé de ma vie. Mais j'avais accepté, j'avais encaissé le coup. Et je devais aussi comprendre qu'il pouvait avoir du mal, lui aussi. Après tout, une fille qui se pointe et t'annonce qu'elle est enceinte, c'est plutôt drôle. Tu penses forcément que c'est une blague ! Mais cette fois là, je ne plaisantais pas, c'était bien réel. J'avais un gosse dans le ventre, et c'était peut-être lui le père. « Je... Je suis désolée mais je ne connais pas de Julianna ». Ce n'était pas tout à fait vrai, mais qu'en avait-il à faire que ma voisine avait le même nom que sa soeur ? Surtout après une telle annonce, j'étais persuadée qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur. Je ne savais pas quoi faire. M'enfuir ? Prendre mes jambes à mon cou et disparaître ? Je n'avais plutôt pas intérêt à le recroiser par la suite dans ce cas. Et nous habitions dans le même quartier, il y avait de fortes chances pour que l'on se retombe dessus... La fuite était inutile, je pouvais m'excuser et m'en aller, lui faisant comprendre que c'était idiot, je me débrouillerais seule. Après tout, c'était lui qui avait cherché à savoir, je ne lui avais rien dit ! Et je ne lui avais surtout rien demandé, je ne lui demandais pas de faire un choix, de me donner de l'argent ou de l'élever avec moi. Je pouvais m'en aller en fin de compte. Plus je le regardais, plus je me disais que c'était une bonne idée. Il finirait sa bière tout seul, passerait ensuite au whisky et rentrerait chez lui en pleurant. Parce qu'avoir un enfant à notre âge, c'était pas permis !
Pourtant, il finit par se radoucir. « Addie… Tu n'étais pas sérieuse hein ? Je veux dire, j'ai à peine vingt trois ans, je… c'est pas possible, je ne peux pas devenir père ». Je le regardais tristement. J'avais vingt-trois ans moi, et plus j'y pensais, plus je me disais qu'il n'y avait pas d'âge pour avoir un enfant. Pour ma part, je n'aurais sans doute jamais l'âge d'en avoir ! Il y avait des gens comme ça, qui étaient fait pour être parents. Mais moi... Moi je les détestais, ils seraient malheureux mes pauvres gosses. « Je ne me serais pas permise de faire une blague comme ça. Écoute Cassidy... Je suis désolée je n'aurais pas du te le dire. J'avais un doute et j'ai pensé que tu avais le droit de savoir. Oublie, de toute façon je ne te demande rien, qu'il soit de toi ou non ne change rien... » ... Je ne vais pas te demander de changer des couches. Je préférais me taire plutôt que finir ma phrase, et repoussais mon assiette de salade que la serveuse avait posé devant moi quelques minutes plus tôt. Je n'avais plus faim. Tout ce dont je rêvais, c'était de rentrer chez moi.

J'avais l'impression que tout s'effondrait autour de moi. D'accord, je vivais dans la ville de mes rêves, j'avais enfin trouvé un travail mais ce n'était pas pour autant que j'étais prêt à dépenser ma paye pour des couches et des baby sitters. Je m'emportais. Il fallait que je me calme, que je vois les choses avec lucidité. Maintenant que je le savais, je ne pouvais plus l'ignorer — même si cette option était très alléchante. Je comprenais petit à petit qu'elle ne m'avait pas menti, que ce n'était pas une blague et surtout, que la situation devait être bien pire pour elle. Autant on ne savait pas si c'était moi qui avait mit la petite graine, autant on savait bien que dans son ventre, il y avait quelque chose qui grossissait. Cette situation était très déplaisante. Ca ne faisait que deux minutes « Non… c'est moi qui suis désolé pour avoir réagi comme ça. Vraiment, je suis désolé mais… je veux dire… je vais avoir du mal à m'en remettre, c'est pas quelque chose que l'on digère facilement, je pense que tu le sais aussi.  » Je pris une nouvelle gorgée de ma bière, espérant qu'elle m'aiderait à faire passer la pilule. Ca ne fut pas le cas, à la place, je déglutis. Comme si elle n'avait plus le même goût que tout à l'heure au fur et à mesure que je me rendais compte des conséquences qu'allaient avoir mon acte. Quel merdier. « J'veux dire… si je ne t'avais pas reconnu vers la bouche de métro… jamais je ne l'aurais su, et là… je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé, je ne peux pas faire comme si tu n'étais pas enceinte et que ce n'était pas le mien. Enfin, si bien sûr je pourrais le faire, je suis un bâtard après tout, c'est ce que je ferais… Et puis, tu comptes le garder en fait ? Je sais pas, c'est peut-être pas la meilleure des solutions, non ? » Je me rendais compte des absurdités que j'étais en train de déballer.
Encore une fois, je devais me reprendre « Merde ! Excuse moi, ce n'est pas ce que je voulais dire.  » Non ce n'était pas ce que je voulais dire mais c'était parfaitement ce que je pensais. « J'arrive plus à penser clairement là… et surtout, je n'arrive plus à m'arrêter de parler. » Je priais pour recevoir quelque chose en pleine tête qui me ferait tomber dans les vapes dans le but de me faire arrêter de parler. Rien ne se produit. Je restais donc là, assis, et repris une gorgée de ma bière qui devenait encore moins bonne. « J'en reviens pas. » Soupirais-je. Encore une fois, tout se bousculait dans ma tête. Je ne savais pas si c'était dû à toute la bière que j'avais déjà bu ou si c'était simplement cette nouvelle abasourdissante. Je sentis même à un moment une perle salée glisser sur ma joue. Je m'empressais de l'essuyais. Je n'étais tellement pas préparer à ce genre de nouvelle, et surtout, je ne voulais pas qu'Addison me voit pleurer même si actuellement, c'était tout ce dont j'avais envie : fondre en larmes. « Je suis tellement désolé… Addison. » Cette fois, je ne m'excusais plus pour mes paroles mais plutôt pour l'acte, pour le fait de l'avoir potentiellement mise en cloque quelques mois plus tôt.

Je sentais la boule que j'avais dans la gorge continuer de grossir. Cette sensation était très désagréable et à part boire de l'alcool, je ne pouvais rien faire d'autre pour tenter de la faire disparaître. La chose aurait été plus facile si le goût de l'alcool ne m'était pas devenu immonde. Je prenais cela comme un signe ; le signe que je devais arrêter de boire. J'allais me montrer raisonnable pour une fois et écouter mon corps pour ne pas me retrouver à vomir mes entrailles. J’espérais vraiment qu'Addison envisageait la possibilité de l'avortement. Je voulais bien avouer que ce choix ne devait pas être simple même si personnellement, si j'étais une femme, le choix aurait été très vite fait. « Ouais... D'accord. Je comprends que ça ne doit pas être un choix facile à faire... » Mais il faudrait quand même le faire si on ne voulait pas que le délais imposé par l'hôpital pour l'IVG soit dépassé. Alors, le choix s'imposerait de lui même. A moins d'aller au Pays Bas. Leurs pratiques étaient bien moins contraignantes que celles d'ici. « Enfin... quoi que tu choisisses, quoi que tu fasses... J'aimerais bien le savoir. Enfin, c'est ce que je crois. » Je n'étais pas encore très sûr de ce que je comptais faire dans cette histoire. Devais-je faire parti de sa vie quand bien même la jeune femme me disait que je n'avais aucune obligation ? Ou alors devais-je profiter de cette opportunité qu'elle me donnait, faire comme si de rien n'était et continuer ma petite vie tranquille de branleur ?
« Oui, exactement... désolé de t'avoir mise enceinte. » Au moins, j'étais sûr de ne plus jamais avoir de rapport non protégé avec une femme. Comme quoi, on apprend de nos erreurs, c'est véridique. C'était à cet instant que je me rendais compte que j'avais toujours minimiser ce genre de risque. Pour moi, c'était quelque chose qui n'arrivait que dans les films… ça ne se passait pas comme ça dans la réalité, ou du moins, ça ne se passait pas comme ça avec moi. Pourtant, cet atmosphère de compréhension était plaisante. Je devais avouer être toujours très secoué par cette nouvelle mais, elle avait le mérite de ne pas me cracher toutes les horreurs face à mes idées infanticides. Elle réussit même à me faire sourire. Les muscles de ma bouche s’étiraient. J'avais l'impression d'apprendre à nouveau comment sourire. C'était tellement adorable de sa part de dire cela et de détendre l'atmosphère d'une telle façon. « Et je t'assure que c'était réciproque. J'ai toujours détesté le Canada, tu as été le rayon de soleil de ma période Canadienne ! » rigolais-je finalement bien que j'étais plus que sincère à ce propos.  

« Merci » rétorquais-je à la jeune femme lorsqu'elle ajouta qu'elle me préviendrait quoi qu'il se passe. Même si je n'étais pas sûr exactement de ce que je voulais ; savoir ou non, sa réponse à elle avait l'air franche et bien plus assurée que la mienne. Ce n'était pas difficile en même temps. Par moment j'avais encore l'impression que toute cette scène n'était qu'un mauvais rêve et que je n'allais pas tarder à me réveiller en sursaut.  Mais non, mon réveil n'arrivait pas parce que c'était bel et bien réel. Maintenant que j'étais posé et que j'avais arrêté de boire des gorgées d'alcool, je comprenais vraiment les enjeux de cette rencontre et de cette conversation. Je ne trouvais pas mes excuses idiotes ceci dit. Je les trouvais justifiées et appropriées. Certes, elle avait raison, ce qui était fait était fait et nous n'avions aucun moyen de faire marche arrière, mais, j'aurais pu être plus responsable et penser à une protection. Ca m'apprendra. Après ça, je ne risquais plus de faire n'importe quoi avec les femmes. Pour tout dire, je n'étais même pas sûr de vouloir faire quoi que ce soit avant un bon bout de temps. Probablement dû à la difficulté de l'acceptation de ce que j'avais potentiellement engendré. Pourtant, je restais muet, regardant mon verre à moitié vide et qui ne risquait pas de se vider plus suite à cette prise de conscience sur mon comportement. Peut-être que d'ici ce soir, mon comportement aurait encore changé. Oui, j'avais comme l'impression qu'une instabilité était en train de naître chez moi. Avec un peu de chance, elle serait bientôt évaporer.
Quand une nouvelle fois, je me retrouvais au pied du mur, je ne savais pas vraiment comment réagir. Devais-je choisir la franchise au risque de la blesser ? Ou alors devais-je être réconfortant, arrêter d'être égoïste et penser un peu à elle qui était dans une situation bien pire que la mienne. Autant nous n'étions pas sûrs que l'enfant était de moi, autant il n'y avait pas de doute sur la mère, évidemment. Je souriais, légèrement, ayant toutefois un peu de mal à regarder Addison dans les yeux « Je n'ai pas dis ça… » Disons qu'elle passe du statut de rayon de soleil à celui de pluie battante, mais comme on dit, après la pluie, le beau temps alors tout espoir n'était pas perdu. « En tout cas, c'est courageux de ta part ce que tu fais. » Le garder, le faire adopter ou avorter, après réflexion, les trois étaient des choix très difficiles et courageux à faire. Tout dépendait du point de vue, mais encore une fois, elle n'avait probablement pas à entendre mes pensées infanticides. Je la regardais finir son assiette. Pour ma part, j'en avais terminé également. Je sortis mon porte feuille de mon jean « Allez, je t'invite ! C'est le moins que je puisse faire » Joignant les gestes à la paroles, j'hélais la serveuse qui s'empressa de nous donner l'addition. Je réglais ce qu'il fallait et en quelques minutes nous nous retrouvions à l'extérieur du magnifique Londres. C'était donc le moment de la séparation, probablement. « Malgré ce que tu peux penser, ça ma fait vraiment plaisir de te revoir ! Tu restes encore au centre ? Si tu rentres à Camden on peut rentrer ensemble si tu veux. »