No Sleep Tonight.[terminé]

night time fear

Ma nouvelle vie à Londres était en tout point différente de celle que j'avais vécue au Canada. La grande différence résidait principalement dans le fait que je l'aimais. Alors que je détestais le Canada, de toutes mes forces, de tout mon être. Ce pays était moche et complètement incapable d'afficher une météo décente. Non seulement il faisait froid mais en plus, il y avait toujours des tempêtes de tout et n'importe quoi. Londres était une bien plus jolie ville. Par contre, niveau météo, je n'avais pas gagné grand chose. Aujourd'hui par exemple, il avait plu toute la journée alors que c'était mon jour de congé. J'avais des projets de sortie que j'avais dû annuler. J'étais énervée, frustrée et je m'ennuyais, tournant comme une lionne en cage dans ma nouvelle chambre. Elle était petite, comme tout le reste de l'appartement que j'occupais avec Cassidy. En même temps, c'était normal, nous étions fauchés... Bref, je devais me calmer, et j'optais finalement pour une douche chaude. Une bonne demie heure plus tard, je sortais de la douche, déjà vêtue de mon pyjama. Enfin, si on pouvait appeler ça comme ça. Le truc, c'est que je n'avais jamais imaginé finir ma vie dans un pays où le thermomètre restait toujours en berne , je n'avais en conséquent que des pyjamas légers. Là par exemple, j'étais vêtue d'un short, d'un débardeur, j'allais devoir dormir avec un pull... Je détestais ça. Mais alors que je séchais mes cheveux, un gros bruit se fit entendre. Je m'arrêtais net. Cela ne pouvait être qu'une seule et unique personne : Cassidy qui faisait Dieu sait quoi dans sa chambre. Quand même, il ne pouvait pas faire autant de bruit, à part s'il sautait de son lit...Le bruit retentit une nouvelle fois et je compris avec horreur que c'était le tonnerre. J'étais tétanisée. J'avais une peur bleue des orages, et ce depuis toute petite. Un nouveau coup de tonnerre, un éclair et je tremblais de tous mes membres. Mes jambes ne me portait plus, je laissais échapper un gémissement apeuré. J'essayais de m'exhorter au calme mais c'était peine perdue, ne pouvais pas rester seule, c'était impossible... Mais qui pourrait me rassurer ? Sûrement pas Cassidy. J'étais coincée. J'avais envie de me cacher sous ma couette et attendre, mais je savais par expérience que ça ne m'apaiserait pas. J'avais besoin que mon père me rassure mais ce n'était pas possible, vu que j'avais décidé de vivre sur un continent différent du sien...quoi qu'il en soit j'avais besoin d'une présence humaine, aussi détestable qu'elle soit. Si je restais seule encore un moment, je deviendrais folle. J'étais terrifiée. Sans réfléchir, je me précipite vers la chambre de Cassidy, il allait se moquer de moi, mais tant pis. Je préférais ça. Essayant de retenir les larmes qui montaient, je frappais à sa porte à coup répétés comme une folle.

Je bois une bière. De la Guinness. Entouré de Caroline et d'autre amis. Je reconnais bien le bar, c'est le Chaplin à Londres. L'ambiance y est agréable, festive. Caroline sourit, elle rit à mes blagues pas drôles et soudain nous nous retrouvons seuls tout les deux. Elle se rapproche dangereusement de moi, fait prisonnière ma bouche de la sienne. On ne met pas longtemps accélérer les choses par des baisers langoureux. On se couche, toujours en s'embrassant. A califourchon sur moi elle commence à se déshabiller, enlève lentement son gilet, et enfin, lève les bras pour enlever son t-shirt. Je m'apprête à voir ses beaux cheveux blonds tomber sur ses épaules, à la place de ça, je me rend compte que ce n'est plus Caroline qui est sur moi... Mais Julianna. Je ne suis ni surpris, ni dégouté. Et à ma grande surprise je l'entraîne vers moi pour l'embrasser. Elle se laisse faire et...

Fin du rêve. Je me réveil en sueur, me rendant compte de ce que j'étais en train de rêver. Le pire dans l'histoire, c'est que ce n'est pas la stupidité de mon rêve qui m'avait réveillé mais le bruit incessant de quelqu'un qui frappe à ma porte. "Putain mais dégages !!" lâchais-je, la tête enfouit dans mon oreiller. Toutefois, la personne qui frappait à ma porte ne semblait pas m'écouter et continuais son bruit. Dans le fond, ça ne pouvait être qu'un personne : Julianna. Ca ne pouvait être qu'elle étant donné que nous vivions ensembles depuis quelques jours à Londres. Je me levais, grincheux. J'avais encore chaud et je ne me remettais pas des conneries que mon subconscient pouvait produire. Julianna et moi, pis quoi encore. J'ouvris alors la porte de ma chambre d'un geste vif. Vêtu d'un simple short, transpirant, les cheveux en bataille, je me retrouvais face à Julianna comme prévu même si inconsiemment, je n'étais pas prête à me retrouver devant elle vu le rêve osé que je faisais. Je m'éclaircis la gorge afin de réussir à faire sortir un son de ma gorge. "Je dors ! Qu'est-ce que tu veux ??! " J'avais encore la tête dans le cul et je ne remarquais pas dans quel état était la jeune fille. Trop préoccupé par mon rêve qui si Julianna ne l'avait pas arrêté serait devenu érotique. Je repoussais la porte au nez de la jeune fille sans la fermer pour autant puis allais me refaire tomber dans mon lit comme une loque. Pitié, ce n'était pas le moment pour moi de l'avoir en face de moi. Qu'elle vole quelque chose dans ma chambre et qu'elle s'en aille.

Le vent souffle dans les couloirs du vieil appartement canadien, donnant une atmosphère sinistre et ajoutant des degrés dans mon degré d'hystérie. Chaque orage était pour moi, synonyme de fin du monde, à chaque fois, je pensais que je n'y survivrai pas. C'est pourquoi mon désespoir ne fit que s'accroître quand j'entendis Cassidy m'ordonner de manière très polie de partir. Mais je ne voyais pas d'autre solution et la peur me donnait de la force, me permettant de continuer à tambouriner avec obstination. C'est là que je me trompais, ma peur n'était pas un atout, c'était un frein, mais elle n'imprégnais tellement que je ne m'en rendais pas compte. Sinon, en temps normal, je serai entrée dans cette chambre beaucoup plus vite, beaucoup plus finement. Les petits jeux de ce genre me connaissaient ordinairement, mais là, c'était comme si j'avais oublié tout ce que je savais. Chaque coup de tonnerre, chaque grondement du ciel, était un supplice mais la porte restait hermétiquement close. Je frappais une dernière fois puis j'abandonnais, impuissante. J'étais assurée de passer la pire nuit de ma vie dans la cave, maintenant.

Mais soudain, alors que tout espoir m'avait abandonné, la porte s'ouvrit brusquement. « Je dors ! Qu'est-ce que tu veux ??! » . L'air effectivement endormi, Cassidy me regardait à peine, de forte mauvaise humeur. Je n'avais même pas imaginé une seule seconde qu'il pouvait être en train de dormir à cette heure là. Ça ne lui ressemblait pas d'ailleurs, il était très sociable et avait l'habitude de sortir avec ses potes le samedi soir. Enfin, ça c'était à Liverpool, il semblait avoir les mêmes problèmes d'intégration que moi dans cette ville. Quoique, moi, j'en avais partout. Alors que mon pauvre cerveau terrifié cherchait une excuse qui ne me ferait pas perdre ma crédibilité, il repoussa la porte, sans plus de cérémonie. Je n'étais pas maso, je ne cherchais pas les coups, mais j'agissais toujours étrangement quand il s'agissait de Cassidy. C'est pourquoi, je poussai la porte aussi, entrant dans la chambre à mon tour. Je la connaissais, je venais souvent y fureter et à ma plus grande honte, j'y aimais tout particulièrement les effluves de parfum masculin...

Bref, c'était un refuge acceptable, mais je devais faire en sorte d'être autorisée à y rester. Ne pas se comporter en salope sarcastique pour une fois. « Je n'avais pas réalisé que tu dormais... Il est encore tôt et on est samedi soir. » C'était sans doute la chose la plus proche d'excuses que j'étais apte à pondre. J'avançais dans la chambre, hésitante, car elle était plongée dans l'obscurité, et il n'était pas exclu que quelque chose traîne sur le sol. Tout en continuant à avancer, je tentais de répondre à sa question. « Je... j'ai, je ne... » . Mes pieds étaient gelés, dans doute grâce à l'attente dont Bingham m'avait gratifiée. Un éclair dût tomber assez près de nous, car le bruit fit terrible. Je me précipitais vers le lit, sans plus réfléchir. N'importe qui aurait vu que j'étais littéralement terrifiée mais Cassidy gardait obstinément les yeux fermés, essayant sans doute de se rendormir. Puis me préparant à l'incroyable réaction de violence que ce geste allait provoquer, je rabattis la couette, me glissant dans le côté droit du lit, la rabattant à nouveau sur moi. Je crois que dans cette action, je volais à Bingham une bonne partie de couverture mais qui s'en souciait ? Sûrement pas moi, j'essayais toujours de trouver une explication plausible à ma présence. « Je n'arrive pas à dormir. » . C'était pas trop génial comme excuse mais c'était à moitié la vérité...

Sans attendre de réponses de sa part je me dirigeais dans ma chambre, en direction de mon lit. Je ne mit pas longtemps à reprendre ma position initiale : à l'horizontal, sous ma couette, les yeux fermés. Je n'avais qu'une envie, c'était dormir. Pourtant Julianna parut surprise de me voir dormir à cette heure ci. Je ne lui répondis que par un grognement totalement inexplicable. A vrai dire, je ne savais même pas l'heure qu'il était. Mais en effet, pour un samedi soir, c'était étonnant. Surement un coup de déprime dû à la météo. Ah non, ça y est, je me souvenais pourquoi je m'étais couché si tôt. J'avais vu à la télé plus tôt dans la soirée que ce soir, de forts orages étaient prévus. J'avais donc décidé de ne pas entamer de partie de jeu. J'aurais été beaucoup trop déçu de devoir couper à cause de l'orage. J'avais alors éteins tous les appareils électroniques de ma chambre, que ce soit la télé, les consoles, l'ordinateur etc. Pour une fois, j'avais été prévoyant. Je ne me souvenais que trop bien de la fois où l'orage avait grillé la box internet, me plongeant dans le plus grand des désespoir. Et donc, si j'étais déjà couché, c'était aussi par prévoyance. Je savais qu'avec du tonnerre, j'aurais eu du mal à m'endormir. Julianna venait donc de me foutre en l'air ma nuit. Les coups de tonnerres retentissant de façon irrégulière, je n'allais plus réussir à m'endormir. Bizarrement, alors que je croyais que Julianna était partie, je l'entendais bégayer. Mais qu'est-ce qu'elle cherchait à la fin ? La tête enfouit à nouveau dans mon oreiller, je me rendis compte que nous étions ensemble depuis plus de trente secondes et qu'elle ne m'avait toujours pas insulté. Quelque chose clochais. J'en étais persuadé.

Le tonnerre rugissait encore. Cette fois de façon violente et mentalement je me félicitais d'avoir débranché les objets qui me tenaient à coeur. Pourtant, en l'espace d'une seconde je me fis voler ma couette. Je réagis en relevant la tête instantanément. Et alors que je croyais que Julianna avait voler ma couette pour s'en aller avec et m'énerver, la jeune femme était encore là. Je sursautais, remarquant qu'elle était dans mon lit, à côté de moi. Je me relevais d'un geste vif. Après le rêve que je venais de faire, ce n'était pas mais alors vraiment pas le moment pour qu'elle se glisse dans mon lit sans prévenir. Debout, surpris et donc... très réveillé (pour ne pas dire énervé qui dans mon esprit est son synonyme.) C'est soudainement que ma colère me quitta entièrement. Laissant place à de l'incompréhension. Ce n'était pas pour autant que je m'apprêtais à être gentil avec Julianna. Elle venait de me réveiller, elle allait en payer le prix. « Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre que tu n'arrives pas à dormir ! » déclarais-je avec véhémence. « Tu sors de ma... de mon lit ! » Je fis la grimace en prononçant ces quelques mots. Jamais je n'aurais cru dire ça à ma demie soeur. Parce que... Jamais je n'aurais cru qu'une telle situation se produirait. Il y avait vraiment un problème. Mais quoi ? J’espérais bientôt le comprendre parce que là... Je planais totalement. C'était bien la première fois que Julianna était si... gentille avec moi. Et bizarrement, une partie de moi voulait en profiter en me montrant plus gentil mais l'autre partie de moi me disait qu'elle manigançais encore quelque chose et que par conséquent, je devais la virer.
Je commençais à réfléchir à quelque chose qui pourrait lui donner l'envie de partir. Plusieurs idées émergèrent dans mon cerveau mais une seule retint vraiment mon attention. Il était plutôt tard et je devais dire que mon esprit avait envie de rigoler. « Si tu ne dégages pas de là tout de suite, je te préviens, je dors à poil ! » . J'étais d'ordinaire très pudique avec Julianna, pourtant, j'avais l'impression que cela allait me permettre de me débarasser d'elle. Dans le cas contraire... Je ne saurait probablement plus quoi en penser.

Mon sort était plus qu'incertain, tandis que Cassidy n'était capable d'émettre que des grognements. Bon a priori, les grognements étaient plutôt quelque chose de négatif mais avec lui, on n'était jamais rien de sûr de rien, il avait clairement des comportements atypiques. Et puis Chewbaca faisait toujours des sons bizarres mais au fond, ce n'était qu'une grosse peluche affectueuse... Mon irlandais de demi frère avait été plutôt prévoyant, je constatai rapidement que tous les appareils électroniques étaient soigneusement éteints. Bon cela plongeait complètement la chambre dans le noir, mais je n'en étais pas à vouloir une veilleuse. J'avais juste besoin de soutien moral, même si je devais le soutirer sans que la personne ne s'en rende compte. Parce qu'il était certain que si j'avouais ma phobie, à Bingham, il ne me lâcherait jamais avec ça. Jusqu'à maintenant, j'avais réussi à lui cacher mais combien de temps de réveil lui faudrait-il encore pour se rendre compte que j'étais dans un état second ? Je ne me sentais pas moi même, mais je n'arrivais pas à faire évoluer mon état d'esprit, je ne pouvais pas, c'était comme si j'avais un gros blocage dans le cerveau. Comme prévu, quand il avait fini par réaliser que je m'étais mise dans le lit à côté de lui, il se glissa immédiatement et brutalement hors de celui ci. C'était un truc entre nous, on avait un périmètre de sécurité, que chacun s'amusait à violer avec délectation. Bien, je l'avais chassé de son endroit préféré, même terrifiée, je prenais ça comme une petite victoire. Planté face à moi, il commença à m'engueuler, m'ordonnant de partir et insistant bien sur le fait que le fait que mes insomnies ne l'intéressaient pas du tout. Jusque là, tout se produisait de manière logique. Il ne comprenait pas ce qui se passait, pensant sûrement que je préparais un mauvais coup ou dieu sait quoi d'autre. Je devais avouer que je ne savais pas quelle attitude adopter non plus, continuer à être gentille ou lancer une bataille qui me distrairait de mes peurs les plus secrètes ? Gros dilemme mais j'allais devoir me décider vite. Nous ne pouvions pas rester ainsi, face à face, à se toiser, lui ayant l'avantage parce qu'il était désormais debout sur le sol alors que j'étais assise sur le lit.

Mais en fin de compte, ce fut lui qui retourna à nouveau la situation, par une menace des plus originales. « Si tu ne dégages pas de là tout de suite, je te préviens, je dors à poil ! » J'eus le souffle coupé pendant quelques instants. Il devait vraiment me détester pour vouloir se foutre à poil devant moi. Je le savais très coincé, très pudique. J'espérais que ma mâchoire ne s'était as décrochée de manière ostensible parce que j'étais vraiment sur le c**. Avait-il choppé des bases de déstabilisation à mon contact ? Cette offensive plus que directe, eut au moins l'avantage de me faire réagir de manière plus active que précédemment. « Tu veux vraiment que je fasse des blagues sur la petite chose jusqu'à la fin de tes jours ? » Je ne me dérangeais pas pour le mater de la tête aux pieds, espérant le mettre mal à l'aise. Apparemment, il fallait que je garde l'avantage, parce que la gentillesse faisait sortir en lui un côté dominateur que je ne lui connaissais pas. « Et puis, ton lit est super confortable, donc c'est ici que je vais dormir. J'aurais au moins les yeux fermés. » . Ponctuant mes paroles de gestes concrets, je m'allongeais, me blottissant sous la couette, fermant les yeux, frissonnant tandis qu'un nouvel éclair crevait le ciel. Je serrais les poings sous la couette, il ne fallait pas que je gémisse ou que je pleure. Je ne voyais plus les réactions de Cassidy mais j'avais la quasi certitude que ses instincts de rugbyman allait bientôt reprendre le dessus et qu'il allait me tirer de force du refuge que j'avais choisi. Et il était évident que je ne faisais pas le poids dans cette éventualité. Il fallait que je le distrait. « Sinon, je suppose que ça ne t'intéresse pas non plus, mais en cas d'insomnie, je mets Taylor Swift à fond, ça m'aide, je ne sais pas pourquoi... » Moi aussi, j'avais des arguments. Retapant l'oreiller, je remontais encore la couverture m'installant tranquillement, prête à passer la nuit.

Aussitôt sortit, aussitôt je me demandais si j'allais vraiment faire ce que je venais de dire. Est-ce que j'allais oser me mettre à poil devant elle ? Je n'en avais pas la moindre idée. Déjà qu'au moindre contact physique, notre comportement changeait, si en plus, là, je me couchais nu à ses côtés... La situation serait probablement des plus embarrassante et des plus ambigüe. Julianna eut le mérite de répondre vite à ma menace. Et il fallait avouer que celle ci, je ne m'y attendais pas. S'en prendre à la taille de l'engin ? Sérieusement ? Elle n'avait pas mieux que cela ? Je n'étais pas d'un naturel très pudique. La preuve, j'avais l'habitude de traîner en short ou en boxer. Le fait est que je n'avais strictement aucun problème à assumer mon corps. Mais quand Julianna se trouvait dans les parages, c'était limite si je n'allais pas enfiler une combinaison de ski. Le fait est, que j'aimais me sentir désiré. Tout comme Julianna. Je l'avais bien remarqué. Notre haine malsaine nous entraînais d'ailleurs dans des réactions un peu étranges d'ailleurs. « La "petite chose" comme tu dis seras la première de ta vie que tu verras alors bon, je serais toi, je me l'a fermerai. » En vrai, la vie sexuelle de Julianna ne m’intéressait pas, et je n'avais aucune idée de si elle avait déjà eut des copains ou non, mais comme tous les hommes, je n'aimais pas qu'on s'attaque aux bijoux de famille. De plus, je ne l'avais jamais vu traîner avec un homme depuis les trois ans que nous vivions ensembles, que ce soit à Liverpool, ou au Canada. En fait, en Allemagne, c'était probablement un peu différent. Après, peut-être qu'elle avait eu la bonne idée de ne pas emmener le mec en question ici. Après tout, j'aurais tout fait pour lui ruiner sa relation en tentant de voler son mec. Soyons honnêtes.
Pourtant, Birdie semblait tout à fait zen. Comme si ma "menace" ne l'avait pas plus choqué que cela. Au contraire, elle déclara qu'elle allait tout simplement dormir dans ma chambre. Je ne savais plus ou me mettre, ni quoi faire. Je ne comprenais rien. Pourquoi voulait-elle dormir dans ma chambre ? Et puis, voulait-elle dormir avec moi ou juste dormir dans ma chambre ? J'allais très rapidement vérifier ma théorie.

La jeune femme se blottissait dans ma couverture, fermant les yeux. Prête à s'en aller dans les bras de Morphée même si l'orage allait surement l'en empêcher. Même si le tonnerre ne me faisait aucun effet, je devais bien remarquer que quand il tonnait fort, comme c'était le cas ce soir, il était beaucoup plus difficile de trouver le sommeil. D'où le fait que je m'étais couché tôt par prévoyance. Maintenant j'allais devoir tenter de m'endormir avec le bordel que l'orage et le vent faisait à l’extérieur. Merci de m'avoir réveillé. Franchement merci ! Puis c'est soudainement, alors que je réfléchissais à ce que j'allais faire que Julianna se mit à me parler de Taylor Swift quand elle avait des insomnies. Et au juste, qu'est-ce que j'étais censé répondre à ça ? « Ouais eh ben c'est pas dans ma chambre que tu vas trouver un CD de Taylor Swift... » murmurais-je à son oreille tandis que j'avais déjà mon plan en train de s'exécuter dans ma tête. Je me reculais enfin pour atteindre la porte de ma chambre, étant sûr et certain d'être dans un angle ou elle ne pouvait vraiment me voir, je pris soin d'enlever mon boxer, dévoilant le "hidden tattoo". C'était un dragon chinois que j'avais décidé de faire lors de mes 18 ans. J'avais souffert, mais le résultat en valait la chandelle ! J'en étais fier. « Très bien... Tu peux rester là, moi je vais dormir à poil dans ta chambre alors. Sachant que je n'ai pas ba*sé depuis un petit bout de temps et vu le rêve que je faisais quand tu m'as réveillé, je te conseil de changer toute ta parure de lit dès demain. » Après ces quelques mots, j'étais fier de moi. Il n'y avait pas lieu d'être mais au moins, j'étais sûr de la faire réagir.

Commençant doucement à me réchauffer, distraite de mes craintes par la voix de Cassidy, j'étais assez fière de moi. En réalité, j'avais choisie la bonne solution parmi celles qui s'offraient à moi, ce n'était pas la plus facile mais je m'étais pas mal débrouillée. J'allais avoir ma nuit de sommeil, c'était inespéré, même si j'étais dans le lit de Bingham. D'ailleurs, il fallait que j'occulte ce détail de mon esprit, sinon j'allais avoir à tous les coups des pensées malsaines et retrouver mes insomnies. Mais c'était sans compter sur la volonté de se battre de mon cher demi frère, pour une fois, il semblait motivé à avoir le dernier mot. Chose que je ne pouvais pas laisser arriver de mon plein gré, j'écoutais donc ce qu'il avait à dire. « La "petite chose" comme tu dis seras la première de ta vie que tu verras alors bon, je serais toi, je me l'a fermerai. » . Ah attaquer un mec sur la taille de sa virilité, c'était gagnant à tous les coups. Ils avaient beau dire qu'il était au dessus de ça, on était forcé de constater que c'était faux, totalement faux. La preuve, il répondait de manière basse très basse. « Oh tu sous entends que je suis vierge ?! Quand bien même, ce n'est pas vraiment une honte... C'est sûr que je n'ai pas perdu ma virginité à 14 ans comme cette catin de Caroline mais peut être bien que c'était avant toi. Bien que je ne tienne pas à échanger avec toi à propos de nos expériences sexuelles.... Je n'avais aucun complexe, à parler de ma virginité à vrai dire, je n'avais toujours pas compris pourquoi certaines filles y accordaient tant d'importance. Je retrouvais peu à peu de ma superbe, paresseusement blottie dans la chaleur de la couette, imaginant Bingham chéri fulminer en me regardant. D'ailleurs, il fulminait tellement qu'il en oubliait de réfléchir. L'histoire de Taylor Swift, c'était clairement une menace pour s'il me renvoyait dans ma chambre, c'est à dire l'empêcher de dormir en mettant les chansons entêtantes à fond mais apparemment, j'étais trop subtile pour lui.

Ayant de plus une envie irrésistible de l'agacer encore un peu plus avant de partir dans les bras de Morphée, je m'exclamais joyeusement. « Oh je vois un mouton ! Hello, joli mouton !! . Je laisse échapper un rire joyeux, sûre de contrôler la situation. Il y eut un petit moment de silence durant lequel j'étais toujours sûre de gagner. Mais l'horrible voix nasillarde de Cassidy retentit encore. « Très bien... Tu peux rester là, moi je vais dormir à poil dans ta chambre alors. Sachant que je n'ai pas ba*sé depuis qu'on est ici et vu le rêve que je faisais quand tu m'as réveillé, je te conseil de changer toute ta parure de lit dès demain. » Oh le... Cela eut le mérite de me faire ouvrir les yeux. Que je refermais aussitôt car il ne bluffait pas. Eurk, vision d'horreur. Il dépassait un peu les limites là. Et puis, d'où sortait ce tatouage ? C'était spécial ça. Sans parler du fait qu'il venait de m'avouer sans complexes qu'il faisait un rêve érotique. Ça devait être crade si Caroline en était la star... Je ne réfléchis que brièvement aux grands moyens. Le truc, c'est que je me foutais de mes draps, il fallait juste que nous arrivions à rester dans la même pièce, le temps que l'orage se termine. Habillés, c'était bien sûr une condition de confort, non négligeable. Il m'obligeait à utiliser les grands moyens, comme toujours. « Si tu fais ça, j'irai chez les voisins, complètement paniquée, échevelée et je crierai au viol. Et on sait tous les deux que tu tiens à garder un bon feeling avec la jolie Addison ... . Je me redressais complètement, une main devant les yeux, écartant les doigts le moins possible. J'étais tout de même gêné de me retrouver dans cette situation, ça me troublait plus que je ne l'avouais. Je me demandais quelle avenir avait notre relation, déjà si chaotique, si on commençait à se dévêtir l'un devant l'autre. « Rhabille toi, d'accord ? Rhabille toi, et rien de grave n'arrivera... » . Je parlais comme dans une négociation policière. Mais en réalité, ce n'étais pas le genre de soirée que je voulais passer.

Comme d'habitude, à chacune de mes remarques, Julianna répondait avec détermination et rage. Elle savait comment me faire taire. Pourtant, ce soir j'avais encore cette sensation de pouvoir sur elle. C'était étrange, je ne savais comment l'expliquer. Lorsqu'elle me répondit, ramenant encore notre conversation à Caroline, mon sang ne fit qu'un tour. J'avais envie de lui en mettre une mais je me retenais. Je ne savais pas d’où venait ce self contrôle mais il était admirable. Toutefois, je me mis quand même à réfléchir à l'âge que nous avions le jour ou nous nous étions mis ensembles. J'avais environ seize ans et même si ce n'était pas ma première fois, il me semblait bien que c'était la première de Caroline. Après quelques secondes, je ne parvenais toujours pas à me souvenir de l'âge que mon ex avait. De toute façon, c'était du passé, je préférais ne pas y penser. Je notais malgré tout avec qu'elle puissance, Julianna aimait rabaisser Caroline à l'état de péripatéticienne. Ce qui n'était que pure invention. Un jour, j'allais lui faire payer toutes les insultes qu'elle avait proliférer à son égard. Même si j'arrivais à me contrôler, je ne pouvais pas rester là sans prendre la défense de mon ex petite amie. « C'est vraiment bas de t'en prendre à quelqu'un qui n'est même pas présent et qui ne peux pas se défendre. » J'avais beau ne plus avoir aucun sentiment pour mon ex, je ne pouvais tout de même pas oublier ce que nous avions vécu. Je me devais de remettre ma demie soeur à sa place. Elle savait que Caroline avait été ma seule relation sérieuse et elle aimait bien me le rappeler.
Me déshabiller n'était pas une chose facile. Me balader en boxer ne me dérangeait pas du tout. Quoique.. Devant Julianna il y avait toujours cette gêne incompréhensible. Être totalement nu face à elle relevait du plus dur défit que je relevais. Bien qu'elle ne me voyait pas vraiment -La pièce était plongée dans un noir total- notre vue s'était habituée à l'obscurité et je me sentais vraiment mal. Cela eut tout de même le mérite de la faire réagir alors qu'elle parlait à un mouton. Elle se redressa et me menaça à nouveau. Nous venions de nous installer et je devais avouer que je ne voulais pas passer pour un pervers violeur. Je ne savais jusqu’où mon self contrôle pouvait aller. « Laisse moi rire ! Vas donc passer pour une psychopathe devant tous nos nouveaux voisins » Je m'esclaffais tout en restant à l'autre bout de la chambre. Et puis, je me repris en pensant que Julianna serait réellement capable d'aller me faire passer pour un violeur. « Non d'accord… je suis sûre que tu es capable d'aller voir les autres… » Je réfléchissais, et remarquais à quel point la situation avait tourné en sa faveur. C'était dégueulasse. Je n'avais plus aucun moyen de pression.

Lorsqu'elle me dicta de me rhabiller, je ne m’exécutais pas tout de suite. Elle me donnait un ordre et faisait comme si quelque chose de grave allait vraiment se produire. Pour une fois, je commençais à la croire mais je n'avais vraiment pas peur. Toutefois, je remis mon boxer assez vite. « Bon je commence à en avoir vraiment ras le cul que tu sois autant lunatique ! maintenant sois tu me dis ce qu'il se passe, soit tu dégages de ma chambre. » déclarais-je sérieusement. Moi aussi je pouvais donner des ordres.

Je me rendais compte que j'aurais du mal à rester dans ce lit. Mon cher Bingham semblait gagner du terrain dans notre joute, et chaque seconde semblait me rapprocher d'un retour pur et simple dans ma chambre. « C'est vraiment bas de t'en prendre à quelqu'un qui n'est même pas présent et qui ne peux pas se défendre. » Enfin, le coup de l'ex semblait marcher encore un petit peu, me faisant gagner du temps. Je devais l'avouer, j'adorais remuer le couteau dans la plaie encore fraîche de Cassidy. Lui qui semblait si détaché, et jenfoutiste ordinairement, semblait prendre à cœur les intérêts de cette fille, en particulier quand je la traitais de prostituée. Ce qui semblait prouver ses tendances masochistes, puisqu'elle l'avait trompée et qu'il continuait à la défendre. Utilisant cet atout encore une fois, je réouvris, continuant à répondre au tac au tac. « En même temps, je ne pourrais jamais m'en prendre à elle alors qu'on est dans la même pièce... Elle est bien trop grosse, on ne passerait pas les deux. » Bon, c'était toujours aussi bas, mais ce soir, le but n'était pas de marquer des points, juste de survivre à ce terrible orage, qui au lieu de se calmer, semblait s'amplifier.

Pendant ce temps, mon emo boy de frère avait ré-enfilé son boxer, marchant rageusement dans la chambre, les traits crispés. Je le trouvais diablement sexy à ce moment là...aussi révoltante qu'était cette pensée. Je me perdis quelques secondes dans sa contemplation, furieuse contre moi même. Mais alors que je pensais m'être assurée du silence de Cassidy, avec ma menace à propos des voisins, je me rendis compte que ce n'était pas suffisant. D'ordinaire, quand je lui mettais la pression, il cédait aussi facilement qu'une tepu en manque, mais là bizarrement, tout semblait glisser sur lui. Il était imperméable à mes piques. Et ça, c'était grave, vraiment grave. J'essayais de me rassurer en me disant que ce soir, j'étais pas au summum de ma forme mais j'étais quelque effrayée. Que deviendrait ma vie si Cassidy avait soudainement... du mental ? « Laisse moi rire ! Vas donc passer pour une psychopathe devant tous nos nouveaux voisins » Il m'avait littéralement cloué le bec avec cette remarque qui devait lui paraître anodine. Pourtant, elle ne l'était pas, vu que je me débattais avec la même question depuis mes 12 ans : pourquoi étais-je aussi différente ? Je n'étais pas normale, et j'avais l'intime conviction que je n'étais pas faite pour vivre en société. Si quelqu'un m'affirmait un jour que j'étais une sociopathe, je le croirai sans problème... Il dût se méprendre sur mon silence car après une réflexion, il abandonna la lutte et me laissa à la victoire alors qu'il était sur le point de gagner. « Non d'accord… je suis sûre que tu es capable d'aller voir les autres… »

Pourtant ce radoucissement ne signifiait rien, car tout de suite après, il m'asséna des paroles dures et sans appel, me mettant une fois de plus au pied du mur. « Bon je commence à en avoir vraiment ras le cul que tu sois autant lunatique ! maintenant sois tu me dis ce qu'il se passe, soit tu dégages de ma chambre. » J'étais franchement fatiguée de lutter. L'orage semblait être interminable, et je ne pouvais plus contrôler mes nerfs. J'avais essayé d'agir comme d'habitude mais ça avait été un échec mémorable. Cassidy, lui même s'était rendu compte de mon comportement étrange, comme il ne manquait pas de me le faire remarquer. J'avais peur, j'avais besoin qu'on me rassure, et aussi désagréable que ça sonnait à mes oreilles, il fallait que ce soit la seule personne dans cet appartement qui le fasse : lui. Je ne pouvais plus faire semblant d'être l'emmerdeuse qu'il connaissait au quotidien, ça ne prenait pas. Plus de violence, plus de non dit, je devais me confesser. L'éclair puissant qui frappa très certainement non loin de nous, acheva de me convaincre de faire la chose la plus humiliante de ma vie. De toute façon, Cassidy et moi vivions sous le même toit, ça aurait été une question de temps avant qu'il n'apprenne pour mon étrange phobie. « La vérité c'est que... jaipeurdelorage ! » . J'avais bafouillé comme une collégienne idiote, parlant vite, comme si mes cordes vocales en personne se rendaient compte que j'étais en train de faire une grosse connerie. Mais l'humiliation et la gêne eurent au moins le mérite de me redonner quelques secondes de peps pour me défendre, aussi difficile que cela puisse être. « Ne t'avise pas de rire, ok ? Ni même de sourire, ou je te promets que je vais... je vais... » Je m'arrêtais de moi même, j'étais comme ces mères au foyer ou ses nounous dépassées, je faisais tellement de menaces que ce n'était même plus crédible. Je repris dans l'espoir de l'attendrir mais sans grande conviction. Si les rôles avaient été inversés, je l'aurais laminé. Et il le savait. « J'ai la phobie des orages depuis que je suis toute petite, je sais que c'est idiot... Mais est-ce que je peux rester avec toi jusqu'à la fin de celui ci ? » Inutile que je m'en voudrais toute ma vie de le supplier de la sorte, et aussi de paraître si pitoyable...

Une nouvelle insulte à l'égare de mon ex petite amie, et cette fois, je décidais de ne pas y répondre. Si elle n'avait pas mieux que ça, je n'allais pas m'abaisser à son niveau. Ce serait trop... Insultant. Ainsi, je laissais passer. Il était temps qu'elle parte et ça, ce n'était pas négociable. Malgré tout, maintenant que j'étais bien réveillé et que la colère était un peu descendue. Néanmoins, je me demandais vraiment pourquoi Julianna était venue dans ma chambre ce soir, pourquoi elle y était toujours d'ailleurs. Je l'avais connu en meilleure forme. La preuve, elle s'en prenait à Caroline, mais avec des attaques très basses. Elle ne me menaçait pas avec tant de véhémence comme elle le faisait d'habitude. C'était vraiment étrange. Il devait y avoir quelque chose, un déclic ou je ne sais quoi pour l'avoir fait réagir de la sorte. Cependant, c'était plaisant de la voir ramer de la sorte pour rester ici. Je remarquais avec grande joie qu'avec un boxer sur les fesses, je me sentais nettement plus à l'aise, je devais l'avouer.
Forcément, je pensais que si elle se montre si.. normal et moins peste c'est parce qu'elle attend quelque chose de moi ou alors qu'elle compte me déclarer sa flamme ou quelque chose du genre. Je m'attendais à tout. Sauf à ça. "La vérité c'est que…" Et c'est tout ? Peur de l'orage. Encore une fois et comme depuis un certain moment, je ne sais pas comment réagir. Légèrement problématique parce que là... Il faut que je réagisse. Sous les ordres de Julianna je n'ai : ni le droit de rire, ni de sourire sinon... Et fin de phrase. La menace n'étant pas achevée, je me permets de sourire. Je ne me moque pas d'elle, c'est simplement que je trouve ça tellement... ennuyeux pour elle que je m'en réjouis. Elle m'avait fait vivre un enfer ces derniers temps que j'avais bien envie de lui faire vivre le même.

Pourtant, je savais ce que c'était que d'avoir une phobie. Le jour de notre emménagement Canada, Julianna ne le sait pas, mais si je n'étais pas avec elle durant le voyage, c'était car j'ai une phobie atroce de l'avion. Le long trajet Angleterre-Canada avait probablement été le pire moment de toute ma vie, et si elle ressentait ce sentiment chaque fois qu'il y avait de l'orage, alors j'avais de la compassion pour elle car ce n'était vraiment pas facile. « Comment ça se fait que tu me le dise ? Je veux dire... Ca fait des années qu'on vit ensembles et ce n'est pas le premier orage auquel on doit faire face, pourquoi là... Soudainement tu as besoin de moi ? » Je souriais encore un peu mais demandait sérieusement. A Liverpool comme à Thunder Bay, il y a de l'orage, alors pourquoi à Liverpool, jamais je n'avais entendu parler de cette phobie. Peut-être qu'elle était encore en train de me mentir. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée, mais son esprit tordu ne manquais pas d'imagination.
« Ce n'est pas idiot, c'est simplement qu'après toutes les crasses que tu as bien pu me faire, j'ai un peu de mal à te croire. » déclarais-je en me reculant et en commençant à faire les cent pas. Je me rendais compte à quel point elle se rabaissait et je trouvais cela très jouissif. toutefois, je ne savais si je devais accepter de rester avec elle ou non. Sachant que dès le lendemain, notre relation redeviendrait comme avant. Voilà de quoi amplifier un peu plus l’ambiguïté. Après quelques secondes, je l'a regardais à nouveau, et lui répondit enfin. « Tu peux rester... Mais je ne compte pas te parler pour autant ! Je vais simplement retourner me coucher, moi. Toi tu fais ce que tu veux du moment que tu ne branches aucun appareil. »

Bizarrement les émotions qui parcouraient le visage de Cassidy, quand je le regardais, n'étaient pas celle que je m'attendais à voir. J'avais été persuadée qu'à la seconde où je tenterai une confession, son sourire narquois horripilant allait revenir au galop mais ce ne fut pas le cas. Non, il y eut d'abord une certaine incompréhension. Ça c'était logique vu que je n'étais pas du tout clair, comme si je ne tenais plus les rênes. Mais ce qui me surpris le plus, ce fut le bref soulagement qui passa sur son visage quand j'eus terminée ma confession. Pourquoi pouvait-il être soulagé en ce moment ? Parce que j'étais pas un danger pour une fois dans ma vie ? Parce qu'il s'attendait à une pire confession ? Oui, ça devait être ça... mais de quoi pouvait-il bien avoir peur ? Malgré la panique, je sentais qu'il y avait quelque chose à exploiter. Mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. De toute façon il se remit vite en selle, retrouvant ses esprits et malgré mes formelles interdictions, un sourire naquit instantanément sur ses lèvres. Je ne pouvais pas le blâmer, j'aurais eu la même réaction si nos place avaient été inversées. Dans les dernières secondes de tranquillité que j'eus avant qu'il ne commente, je me dis qu'au moins ma confession avait expliqué mon étrange manège de la soirée et que j'avais au moins l'air moins folle que je n'avais du y paraître. Mais c'était un mince réconfort à côté de ce que je présumais qu'il m'attendait. Enfin, après quelque seconde de flottement, il reprit la parole. « Comment ça se fait que tu me le dise ? Je veux dire... Ca fait des années qu'on vit ensembles et ce n'est pas le premier orage auquel on doit faire face, pourquoi là... Soudainement tu as besoin de moi ? » . Bon question logique en apparence. J'étais cependant mal à l'aise de devoir entrer dans les détails, d'avoir à l'éperonner sur une piste. Je ne savais pas si sa demande d'informations découlait d'un réel questionnement ou si le but était de pousser mon humiliation plus loin. Mais je m'étais lancée, je n'avais pas l'attention de faire marche arrière. On pouvait me trouver beaucoup de défauts, mais celui là n'en faisait pas parti. Mais alors que je continuais ma confession, je me rendis compte avec horreur qu'elle lui donnait raison. « D'habitude... d'habitude, mon père reste avec moi. Il me soutient, et m'aide à garder le secret. Mais là... et bien, il n'est plus là. Il n'y a que nous... »

Il me déclara ensuite que ce n'était pas si idiot, et je crus rêver. Mais à mon avis, il n'avait pas fait exprès de prononcer cette parole semi-réconfortante. Il affirmait ne pas me croire mais me permit tout de même de rester. Ce fut sans doute le soulagement qui me fit redevenir quelques secondes moi même. « Comme si tu avais besoin de le préciser... Jouer à la XBOX est la chose que j'ai le plus envie de faire en ce moment » . Mais ce regain d'énergie retomba assez vite, parce que j'étais coincée. J'étais debout au milieu de cette chambre et il allait aller se recoucher . Je serai seule dans un coin de sa chambre tandis qu'il dormirait paisiblement. Pas suffisant pour m'apaiser, dans ces moments là, j'avais besoin qu'on me change les idées, qu'on parle avec moi, qu'on me tienne la main. (bien que pour le dernier point, ça relevait de l'impossible). Essayant de gagner du temps sans continuer à trop en dire, je laissais échapper : « Il fait... froid. » . Ou ma manière peu claire de dire qu'il ne pouvait pas me laisser plantée au milieu de la chambre. Mais pas sure qu'il ne comprenne. Surtout, que je n'avais pas dit merci, alors qu'il avait un comportement plutôt exemplaire....

J'attendais que Julianna m'explique pourquoi elle me disait seulement maintenant qu'elle avait peur des orages. Si à chaque fois qu'un orage l'a rendait comme ça, je me demandais vraiment comment elle avait pu me le cacher si longtemps. Pour ma part, heureusement que nous étions une famille qui ne voyageait pas beaucoup. J'aurai mal vécu de prendre l'avion plusieurs fois par an pour aller visiter des pays à la con, faire du tourisme et m'ennuyer comme un rat mort. Quoi que... L'idée de partir en Suède pour me trouver une jolie blonde ne m'aurait pas déplu. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le sujet et Julianna était sur le point de m'expliquer pourquoi elle avait besoin de moi. Ce fut en effet le coup de grâce, elle me donnait raison sur toute la ligne. Elle me disait que "d'habitude" son père restait avec elle. Je sentais bien que le fait que ça la déchirait et je n'avais même pas envie de m'en réjouir. J'allais enfin pouvoir me recoucher… Dormir... Aaah, je n'avais plus que ce mot en tête. Lorsque je permis à ma demie soeur de rester dans ma chambre, elle paru soulagée. Toutefois, cela ne dura pas et elle revint à l'attaque. Sérieusement? Je me demandais si elle se rendait compte que ce n'était pas le moment de jouer à ça avec moi. Vraiment pas le bon moment ! J'avais déjà du mal à l'encadrer et que son comportement en général m'irritait alors quand à présent, j'étais son "seul espoir" j'attendais un comportement meilleur de sa part.
Ce qui se produisit plus ou moins. Elle s'arrêta d'elle même et resta là, sans bouger.

« Il fait... froid. » lâchait-elle après un court instant de silence. J'étais dans mon lit, sous ma couette, et malgré le fait que j'étais en boxer, je n'avais pas froid du tout. Je me retournais pour lui lancer un regard, elle était elle aussi très légèrement vêtue. Encore une fois, je ne savais pas quoi lui dire. C'était tellement étrange. C'était d'ailleurs bien la première fois que nous passions autant de temps ensembles dans une pièce de cet appartement. Là... Ce n'était pas pareil et le fait de me dire que demain tout sera différent et encore plus ambigüe ne me donnait pas envie de la laisser dormir avec moi. Toutefois, je savais que si je ne faisais rien ,elle allait de nouveau m’énerver, et tout ça, pour ne pas avoir à faire face à l'orage toute seule. « Je n'ai vraiment pas envie de me battre ce soir alors... Si tu veux tu peux dormir avec moi... » A peine avais-je prononcé ces mots que je les regrettait immédiatement mais je ne savais tellement pas quoi faire que je déclarais la première proposition qui me vint à l'esprit. Peut-être parce au fond, j'avais bien envie de dormir avec elle?

Après mon hésitant, '' Il fait... froid '', il ne s'était rien passé. Oui, je m'en doutais, ce n'était pas assez subtil pour Cassidy. Il allait falloir que je trouve un plan B, parce qu'il était tranquillement retourné dans son lit, et je savais que ce n'était qu'une question de secondes avant qu'il ne se rendorme. Car malgré moi, je connaissais ses habitudes. Certes, les instants où nous étions au même endroit en même temps en dehors des instants de vie quotidienne, se comptaient quasiment sur les doigts d'un simpson, mais j'étais très observatrice. Non pas que je m'intéressais aux autres mais il était important de connaître ses ennemis mieux que quiconque. Et sur ce point, je savais que Cassidy était comme un enfant de 3 ans, mettez le à n'importe quel endroit un tant soit peu chauffé, et il s'endormirait comme la bambin qu'il était. Et oui, j'étais plantée là, sur le sol de sa chambre en train de médire en le regardant dormir. C'était ça le problème avec les gens comme moi, ceux qui avaient des difficultés majeures à entretenir des relations sociales correctes... on se retrouvait toujours dans des situations pas possibles, situation qu'on avait provoquées la plupart du temps. J'en étais un exemple éclatant. Mais alors que je perdais tout espoir, sa voix étouffée retentit d'en dessous les couvertures.« Je n'ai vraiment pas envie de me battre ce soir alors... Si tu veux tu peux dormir avec moi... » . Un sourire à la fois victorieux et soulagé bondit sur mes lèvres. J'avais eu ce que je voulais. Je notais d'ailleurs dans un coin de mon esprit que la violence semblait bien marché sur Cass quand il était crevé. J'avais eu envie de lancer un claironnant '' Merci Bingham '' mais même moi, je me rendais compte que c'était trop. Alors, ressentant une humilité toute nouvelle pour moi, je fis encore dans la sobriété. « J'apprécie... euh alors merci. » Il allait falloir que je m'auto-flageole plusieurs fois demain... pour les supplications, pour les aveux, pour la honte, pour la faiblesse, pour les remerciements et surtout pour l'étrange sensation au creux de mon ventre à l'idée que nous allions être proches l'un de l'autre comme jamais.

J'avais tout fait pour aller dans ce lit mais maintenant que j'y étais convié, je ressentais une certaine appréhension. Nous n'étions pas des enfants, et ça rendait les choses vraiment bizarres. Mais le vent sur les vitres, et les grondements au loin m'empêchait de reculer et très vite, je fus au bord du lit. Alors pour dissiper une éventuelle tension, je m'y laissais tomber sans vergogne, faisant trembler le matelas. Il fallait que j'ai toujours l'air d'avoir envie de l'embêter pour dissimuler... le reste. Je me glissais rapidement sous les couvertures, essayant de deviner dans l'obscurité quel pouvait être bien la position de Cassidy, histoire ne pas l'effleurer mais c'était très difficile. Finalement, je m'installais sur le côté, lui tournant le dos, assez mal à l'aise malgré l'aplomb dont j'essayais de faire preuve. Mais dès que le tonnerre retentit une nouvelle fois, je fus pris d'une sorte de tic nerveux, et ma jambe bougea, rencontrant immédiatement un obstacle poilu : celle de Bingham. Le mal étant fait, je laissais mon pied glacé sur son mollet quelques secondes, puis le rembarrai; avec une certaine mauvaise foi. « Je sais que je ne suis qu'une invitée ici, mais tu me faire à peine, un peu plus de place ? Tout en parlant, je remontais la couverture jusqu'à mon épaule, la tirant peut être un petit peu latéralement. Des frissons parcourait mon échine, et j'essayais de me convaincre que ce n'était que le froid. De toute façon, peu importe ce que je ressentais à ce moment, tout ce qui comptait, c'est que je ne pense plus à l'orage.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? J'invitais littéralement Julianna à venir dans mon lit. Qu'est-ce qui clochait chez moi pour être aussi timbré ? Julianna, ma demie soeur avec laquelle je passe le plus clair de mon temps à m'engueuler. Nous étions tellement différents. Les seuls points communs que j'avais avec elle étaient ma mère et l’Irlande. Pas la peine de mentionner à quel point je les détestais les deux. Pourtant, elle avait ce truc. Ce truc indescriptible qui comme ce soir m'obligeait à me montrer avenant et même altruiste. Enfin bon... Il ne fallait pas abuser non plus. Déjà, le fait que je ne me moquais pas de sa phobie prouvait la compréhension que j'avais et peut-être même la compassion que je pouvais ressentir. « J'apprécie... euh alors merci. » Merde. Julianna était possédée ? Je crois bien qu'elle ne m'avait jamais remercié pour quoi que ce soit auparavant. L'heure était vraiment grave. C'est bon, je n'avais plus aucun doute sur sa phobie, elle était bel et bien réelle.
Je tentais de rester le plus naturel possible, ce qui n'était pas gagné aux vus de la situation. J'attendais de sentir Julianna se poser à côté de moi mais non.. Rien. Peut-être avait-elle décidé de s'en allé finalement. Je fermais les yeux et tentais de ne plus penser. C'est soudainement que je sentie ma demie soeur s'allonger. Il fallait avouer qu'elle avait eut la grâce d'un éléphant sur ce coup là. Ça y est, elle était là et je ne savais plus comment me mettre. Pour la peine, j'arrêtais de bouger. C'était limite si je n'arrêtais pas de respirer.

5, 4, 3, 2, 1 : Collision fatale !
Je sentis le pied glacé de Julianna rencontrer ma jambe. J'ouvris les yeux et me raidis instantanément. Oui c'était l'un des risques. Moi qui ne voulait aucun contact physique avec elle, j'allais être gâté ce soir. Je sais que je ne suis qu'une invitée ici, mais tu me faire à peine, un peu plus de place ? Je soupirais et me retournais. J'avais à présent une vue sur la chevelure brune de la demoiselle. Elle avait probablement raison, mais nous étions les deux fautifs à prendre le plus de place possible pour être le plus éloignés possible alors que... nous n'étions qu'à quelques centimètres. De plus, je n'avais pas partagé de lit avec quelqu'un depuis un certain temps, j'avais donc pris l'habitude de m'étendre dans mon sommeil et de prendre beaucoup de place. Qui vivra, verra. « Désolé... J'ai pris l'habitude de dormir seul et de prendre toute la place.» lâchais-je dans un soupir. L'orage retentit et je sentis Julianna tressaillir, mais toutefois, le tonnerre semblait plus lointain, avec un peu de chance, il s'éloignait et d'ici peu, nous n'entendrions plus rien.« Tu... fais quoi d'habitude pour ne plus avoir peur ? Du moins... Pour ne plus trembler comme ça ? » A présent, oui, j'avais une entière compassion pour elle. Cela devait être l’effet néfaste de la fatigue. J'étais encore plus gentil et compréhensible que lorsque j'étais bourré...

A l'abri de la couette de Cassidy, comme je le voulais depuis le début, je me sentais déjà un peu plus isolée de l'orage. Par contre, je n'avais aucun rempart contre la bizarrerie. J'avais beau calculer et penser soigneusement chaque geste, il n'en demeurait pas moins que je n'avais toujours pas la moindre idée de comment agir alors que j'étais si étrangement proche de la personne que je m'employais habituellement à fuir. Pour l'asociale que j'étais; la proximité des corps étaient toujours déroutante mais avec Cassidy, c'était encore différent. J'avais beau me dire que c'était parce que c'était comme mon demi frère, je n'étais pas apaisée pour autant. Mais je n'avais aucun droit de me plaindre. Je m'étais mise dans cette situation toute seule comme une grande, volontairement, je devais en assumer les conséquences imprévues. Et puis, merde, qu'est-ce qui m'arrivais ? Pourquoi j'étais toute gentille, et pourquoi je craignais autant de ne pas pouvoir me contrôler ? Je n'arrivais pas à me rappeler que ce n'était qu'un être détestable à côté de moi, comme si toutes nos années de haine étaient balayées par l'orage et la considération exceptionnelle qu'il me témoignait ce soir. Nous en étions désormais au stade où je l'avais touché malgré moi et inutile de dire que je sentais la gêne s'installer de part et d'autre dans le lit. Mais à ma grande surprise, il ne s'énerva pas; où ne dit rien de désagréable, pas même quand j'eus encore le culot de me plaindre alors que j'étais la seule qui lui avait posé mon pied glacé sur la jambe. Au contraire, il me répondit plutôt poliment. [color:972a=336666]« « Désolé... J'ai pris l'habitude de dormir seul et de prendre toute la place.» . Mes instincts bitchy reprirent pendant quelques secondes le dessus, c'était une perche qu'il tendait là. Mais un nouvel éclair suffit à me rappeler où était ma place. Je répondis donc d'un air détaché, n'ayant pas la moindre idée de ce qui était en train de se passer. « Je ne dors pas vraiment accompagnée non plus... » .

Au fond de moi, j'avais toujours l'espoir que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, que demain, je serai la seule à me rappeler avoir imaginé des choses étranges. Mais les sensations que j'éprouvais contredisaient cette pensée. J'étais bien éveillée et tout cela était bien en train de se passer. [color:972a=336666]« « Tu... fais quoi d'habitude pour ne plus avoir peur ? Du moins... Pour ne plus trembler comme ça ? » Ses paroles me surprirent grandement, pas tellement parce qu'elles étaient pleines de compassion mais surtout parce que je n'avais pas réalisé que je tremblais comme ça. Sans réfléchir, je me retournais, constatant avec horreur qu'il avait fait de même lorsque nous parlions. Ça devenait trop... intime. Nos visages étaient bien trop proches et je n'arrivais même pas à me mentir en me disant que je n'étais pas le moindre du monde troublée. Puis, je revis mon père me prendre dans ses bras, me tenir la main, comme une petite fille. Mais je ne pouvais pas imaginer Cassidy faire de même. Et surtout, je ne voulais pas étendre mon humiliation. « Et bien, d'habitude je... je ne fais rien de particulier. C'est pour ça que ça s'appelle une phobie, banane. Il n'y pas grand chose à faire. » . Ça c'était tout moi, étant tellement sur la défensive que je préférais attaquer que m'exposer un peu. Mais je remarquais quand même que ma façon d'agir n'était pas juste, alors je me repris. « Enfin, la compagnie aide, donc tu as fais tout ce que tu pouvais... tu peux dormir en paix. » . J'avais dis ça sincèrement mais aussi avec l'idée que l'un de nous endormi, les choses seraient plus simples. Et puis, il semblait fatigué, et comme il était gentil avec moi, j'avais décidé de lui laisser son repos bien mérité.

Je me remettais petit à petit de ce contact physique et faisais de mon mieux pour ne pas sembler perturber. Après tout, nous étions les deux adultes, enfin... plus ou moins. Nous ne nous aimions pas... A priori, cette nuit allait donc être comme toute les autres. J'allais juste devoir faire attention à ne pas trop bouger en dormant. Chose pas très facile à prévoir, et encore, il fallait que j'arrive à m'endormir. Certes, j'étais très fatigué, la tâche ne devrait donc pas être trop difficile... Mais le fait que Julianna ne soit qu'à quelques centimètres de moi me faisait prendre conscience que j'allais devoir rester calme. Moi qui d'habitude aime tant bouger de place, jusqu'à faire l'étoile de mer lorsque j'avais trop chaud, qui tous les matins me réveille en me demandant pourquoi mon téléphone et ma lampe de chevet se retrouve par terre. Oh eh puis tant pis, un peu de mouvement permettra au moins à Julianna de lui faire prendre conscience qu'elle n'est pas seule durant cet horrible orage. Et de toute façon, comme elle l'avait dit, j'avais fais tout ce que je pouvais. Toutefois, il y avait toujours un point qui me dérangeais. S'étant retournée, elle était à présent face à moi. Nos visages beaucoup trop proches me faisant énormément penser au rêve que j'étais en train de faire avant qu'elle ne me réveille. Cela me mettait dans une situation vraiment inconfortable. Déjà que faire une rêve érotique avec Julianna est perturbant... Quand en plus de cela, quelques minutes plus tard elle se retrouve dans mon lit, la scène devient réellement embarrassante. Toutefois, je devais y faire face. Mes sentiments eux même étaient confus. D'un côté je priais pour que l'orage se calme et qu'elle puisse se recoucher dans sa chambre mais d'un autre côté être avec elle sans se disputer ne me dérangeait pas du tout. Au contraire, c'était même plaisant. Même si bien sûr, je savais que dès demain matin, tout cela ne serait que de l’histoire ancienne et que notre guerre reprendra avec encore plus de force. « Ok... bon ben, bonne nuit alors »
Il me semblait que c'était ce que les gens civilisés se disaient entre eux lorsqu'il était l'heure d'aller se coucher. Et ainsi, notre conversation était close. Comme il fallait 4 secondes pour qu'un silence devienne gênant, j'avais pris les devant et tout fait pour qu'aucune gêne ne se ré-installe entre nous. Même si dans le fond... Lui dire "bonne nuit" était tout sauf naturel !

Je me retournais une nouvelle fois, tentant de trouver ma position pour dormir sans trop faire de bruit et bouger. Julianna ne tremblait plus beaucoup alors ce n'était pas le moment de faire trop de bruit. Joue droite collée à l'oreiller, jambes moyennement étendues, un bras ballant dans le vide... J'avais à peu prés trouver une position confortable pour m'assoupir. Je fermais les yeux. Respiration régulière bien que j'avais très chaud comme tout à l'heure, j'étais dans cette phase ou l'on est sur le point de s'endormir, mais ou l'on es également légèrement réveillé. Le moindre mouvement et l'on se retrouve à la case départ à chercher une nouvelle position. J'essayais de ne pas penser à Julianna et après environ dix bonne minutes je trouvais enfin le sommeil .
Malheureusement pour ma demie soeur si elle ne s'était pas endormie à son tour, elle allait devoir subir mes mouvements incessants. Au moins, elle pouvait s'estimer heureuse que je ne ronflais pas. Après quelques bonne minutes j'avais réussit à rester sur le ventre mais également sur le dos puis sur le côté en étant légèrement recroquevillé sur moi même et pour finir cette fois c'était ma joue gauche qui s'écrasa sur l'oreiller. J'arrêtais de bouger lorsque j'eus l'impression d'être vraiment bien. Le truc que je ne me rendais pas compte c'était mon bras était sur la hanche de la brunette..

Bien heureusement, Cassidy n'insista pas pour en savoir plus sur ma phobie, acceptant mes paroles. Je voyais ses prunelles briller dans l'obscurité et pour la première fois depuis que je le connaissais, je pus constater qu'il avait de beaux yeux, assez magnétiques. Non, ce n'était pas beau, c'était effrayant !! Enfin, bref, il avait des yeux troublants et ça ne me plaisait pas. C'est pourquoi, je fus ravie quand il les ferma, me souhaitant bonne nuit... Attendez, il en faisait trop là. Il m'avait souhaité bonne nuit !! Pas de négations, pas d'ironie apparentes, il venait vraiment de me dire bonne nuit. Je restais silencieuse. Vraiment, je voulais lui répondre de la même façon mais je n'y arrivais pas. C'était comme si une barrière invisible s'était dressée entre mes pensées et ma langue. Et au fond, c'était pas plus mal, c'était comme si j'avais un filet de sécurité, je serai quitte de dire n'importe quoi. Puis, je pouvais constater que j'étais fatiguée. Malgré la situation inconfortable à mes yeux, je sentais la douce torpeur du sommeil me prendre petit à petit. Et je m'y abandonnais avec plaisir, parce que demain était un nouveau jour. Simultanément, nous étions retournés, la proximité n'était donc pas le fruit de mon imagination. Mais alors que Cassidy continuait à bouger, j'avais instantanément trouver ma position idéale. Joue gauche sur l'oreiller, jambe alignée avec le haut de mon corps, j'étais étendue de tout mon long sur le côté, sans prendre non plus trop de place. C'était parfait, et déjà je partais très loin. J'étais bien comme sur un nuage de coton. J'avais chaud mais pas trop, et les bruits de l'orage semblaient lointains, comme étouffés. Il fallait avouer que celui là avait tout de même duré un sacré moment et qu'il n'était pas encore terminé. Oh et demain, il faudrait que je trouve comment agir avec Cassidy demain, sinon les jours à venir allaient être pénibles... D'ailleurs en parlant de demain... Mes pensées s'interrompirent d'elle même, quand le sommeil me gagna.

Une dizaine de minutes plus tard, je rêvais que j'étais dans un lit avec Cassidy. Je m'agitais légèrement dans mon lit. J'avais déjà rêvé de lui mais jamais de cette manière. Pourtant le rêve était franchement agréable, lui et moi, nous avions enfin trouvé un terrain d'entente. Nous étions à Liverpool et nous avions travaillé tard sur le discours pour le mariage. Au lieu de nous battre, nous avions discuté et au final, nous avions trouvé naturel de dormir dans le même lit. Je crois même que nous nous étions embrassés et que j'avais trouvé ça agréable. Mon subconscient était totalement béat et la minime part de conscience qui restait en moi ne semblait pas décidée à réagir à la stupidité de ce rêve. Je laissais donc mon esprit faire, avec plaisir. Ainsi, quand Cassidy posa sa main sur ma hanche, je ne le repoussais pas, au contraire, je me blottis contre lui, mon dos contre son torse, nos jambes se frôlant au rythme de nos respirations paisibles. J'étais vraiment bien.

C'est pourquoi quand je me réveillais une nouvelle fois, incapable de dormir réellement durant une nuit d'orage, j'eus un petit choc en prenant mesure que la la réalité n'était pas aussi éloignée de mon rêve que je ne le pensais. J'étais réellement dans le lit de Cassidy, nos corps réellement emboîtés, comme si nous étions un couple déjà formé depuis des années. Le réflexe le plus sensé que j'aurais pu avoir aurait été de crier mais pour être honnête, je ne voulais bouger de là pour rien au monde. Je restai quelques secondes immobiles, le cœur battant avant de décider de la suite des évènements. Je sentais une étrange sensation au creux de mon ventre, un désir bel et bien présent. Je supposai que c'est ce qui arrivait lorsqu'on se retrouvait dans le même lit que quelqu'un qui vous attirait autant. Car malgré son amour pour la pizza, Bingham Hudson était une bombe. Je ne voulais pas me consumer toute seule. Ce n'était tellement pas moi. Je décidais donc de faire quelque chose que je trouverai sans doute stupide dans quelques heures. Je me retournai, à l'aide de petits mouvements, pour me retrouver face à lui. Je laissai ma tête au creux de son épaule. Mais la chaleur de sa peau nue contre la mienne était omniprésente dans mes pensées. Je voulais bien plus. Alors je commença à pousser des soupirs, et à bouger moins subtilement. Rien ne devait laisser penser que j'étais réveillée. Mais je voulais que lui se réveille, histoire de voir sa réaction face à cette position que nous occupions...

Je ne mis pas longtemps à arriver dans les bras de Morphée. Et j'y étais très bien. Je n'entendais plus l'orage, je ne sentais plus aucun tremblements... La nuit que j'avais commencé avant de me faire réveiller par Birdie en ce début de soirée reprenait encore mieux que tout à l'heure. Mieux ? Oui. Comme si finalement avoir la présence de Julianna avait apaisé mon sommeil. Mon rêve ne fut pas très glorieux toutefois et ne méritait probablement pas que l'on s’étale dessus. Le plus important à savoir c'était que ce rêve comprenait deux personnes importantes : moi et mon tatoueur. Non rien d'osé. Un rêve érotique par nuit était bien assez suffisant. Non j'étais tout simplement en train de me faire le portrait de Lindsay Lohan dans le dos... Chose totalement absurde mais visiblement je me pouvais pas contrôler mon subconscient.
Au milieu de la nuit je me réveillais pour une raison indéterminée, probablement un bruit... Je constatais alors que Julianna et moi nous étions rapprochés pendant la nuit. Je n'en fus pas plus bouleversé. Au contraire, après avoir regardé l'heure sur mon radio réveil qui affichait 03:55 du matin, je me reculais pour pouvoir la regarder quelques secondes sans rien dire. Mes yeux s'étant accommodés à l'obscurité, j'admirais ses traits fins et son corps s’élever au rythme de sa respiration lente. Pourquoi ? Probablement un fantasme inavoué... Oh oui, ça je n'étais pas prêt de le reconnaître. Le fait est que Julianna était canon et son caractère bien trempé l'a rendait encore plus désirable, sauf quand elle s'en prenait à ma Xbox, soyons honnêtes.

A cet exact moment, je ne pensais même plus à ma fichue console de jeux, ça semblait tellement futile et superficiel. Non, à la place, mon esprit était impossible de penser à autre chose qu'à la divine créature que je regardais.
Espérant ne pas la réveiller, je posais ma main sur son bras, le faisant glisser le long de son avant bras. Sa peau était tellement douce. J'en chopais même la chair de poule. J'aurais dû m'arrêter là. J'aurais dû. J'aurais pu la reprendre dans mes bras, me serrer un peu plus contre elle et me rendormir. Mais non. Ce n'était pas de cela que j'avais envie. Je ne savais pas si c'était dû au rêve que j'avais fais un peu plus tôt dans la soirée, ou alors était-ce à cause du demi-sommeil dans lequel j'étais plongé. Je ne pensais plus clairement. Je savais ce que je voulais. Maintenant, je me moquais de réveiller Julianna.
Je l'observais encore dans la pénombre. Au bout d'une dizaine de seconde, ma main passa de son bras à ses cheveux que je caressais délicatement. Puis, je m'approchais doucement de la jeune femme. Je déposais des petits baisers dans le coup son cou. Lentement, je descendais ensuite au niveau de sa clavicule dénudée sur laquelle je déposais également des baisers chastes, tout en attendant une réaction de sa part.

Mon entreprise ne fut pas longue à réussir. Même derrière la barrière des mes paupières closes, je pus percevoir les mouvements de Cassidy. C'était là la faiblesse de mon stratagème, je ne pouvais pas ouvrir les yeux et par conséquent ne pas voir ce qui se passait. La satisfaction laissa bien vite place à la frustration. J'étais sous tension, perdue entre mon numéro de comédienne et l'incertitude quant à savoir si mon voisin était réveillé ou pas. Au final, je m'étais mise toute seule, dans un situation qui me faisait me sentir impuissante. Or je détestais ne pas avoir le contrôle. Tant pis, j'allais ouvrir les yeux. Et si Bingham demeurait endormi et que l'orage était terminé, je regagnerai même mes pénates histoire de ne plus ressentir cette étrange appréhension mêlée d'anticipation quant à ce qu'il pouvait se passer. Venir dans ce lit était une mauvaise idée. J'aurais dû pressentir que je n'arriverai pas à contrôler mes hormones une fois collée à l'athlète qui me servait de demi-frère. Car j'avais beau m'être menti durant des années en le comparant à un mollusque, il était loin d'en être un. A vrai dire, son sex appeal était grand mais j'avais masqué cette information sans doute par peur d'en assumer les éventuelles conséquences. Sauf que ce soir, c'est état de déni était destiné à prendre fin. Le creux dans mon ventre et mon cœur qui battait à la chamade étaient destinés à me le prouver.

Toutefois, je n'eus guère le temps de soulever mes paupières pour m'enfuir. Car avant que je n'ai pu le faire, je sentis une caresse extrêmement douce. Il avait posé sa main sur mon poignet, remontant délicatement le long de mon avant bras. C'était proprement délicieux. Et mon corps contribua à me trahir par ses réactions. Un frisson me prit et je retins mon souffle. Il ne devait plus tellement avoir de doutes quant à l'état réel de mon sommeil. Pourtant je n'étais pas humilié. Après tout, il ne riait pas de moi et accédait à mon vœu sans même le savoir. Qui plus est, je n'aurais jamais imaginé qu'une telle tendresse pouvait exister en lui. Il compléta son exquise torture, passant une main dans mes cheveux. C'est à ce moment précis que je sus que je ne pouvais pas résister. Ou plutôt que je ne résisterais pas. J'ouvris les yeux quand il se mit à parsemer ma peau de petits baisers. Celle ci crépitait, tout comme le reste du monde. « Bingham.. » Pour la première fois de ma vie, je ne prononçai pas son nom avec mépris ou colère. Au contraire. Nous étions nous, Bingham et Birdie. Pas le Cassidy et la Julianna d'ordinaire. Je le regardais. L'avantage d'être blottie dans ses bras était que la vue imprenable. C'était comme si je ne l'avais jamais vu. Celui qui me faisait face était ténébreux, terriblement séduisant. L'éclat dans ses prunelles d'ébène, nouveau et terriblement excitant.

Je me redressais légèrement, m'appuyant sur mon coude. J'avais laissé tomber la comédie de la belle endormie. J'avais même renoncé à faire semblant de sortir d'un sommeil profond à coup de bâillements exagérés. Pour une fois, je ne jouais pas, je ne trichais pas, je ne mentais pas. J'espérais juste ne pas regretter cet accès de maturité. Est-ce que c'était ça l'âge adulte ? Je levais une main hésitante et la portait à sa joue, faisant courir mes doigts sur la légère barbe qui piquait ses joues. Les sensations restaient plaisantes. Mais toute cette tendresse n'était pas destinée à durer. Je fis glisser ma main derrière sa nuque, agrippant ses cheveux le repoussant sur le dos pour mieux grimper sur lui. Je quittais ma position allongée pour me mettre à califourchon sur lui. Puis d'une voix traînante, lascive, je tentais de m'assurer que nous étions sur la même longueur d'onde. « Qu'est-ce que tu veux ? » . Je caressais à présent sa gorge, penchée sur lui. Bingham et Birdie n'étaient pas eux même sans un peu de provocation... En revanche, s'il s'agissait d'une blague, d'une manière de m'humilier, je ne répondais plus de moi. Je pouvais le jurer sur la vie de sa xbox.

Il avait beau n'être que quatre heures du matin, j'étais à présent pleinement éveillé. C'était comme si j'avais été propulsé de mon état de sommeil à cet état indescriptible de non-fatigue, d'éveil qui était bien loin de me correspondre en temps normal. Ce soir, toutefois, n'était pas un temps normal, j'en étais bien conscients. Julianna ouvrit les yeux. Alors j'arrêtais ces baisers et me dégageais tandis qu'elle s'accoudait sur le lit. Pendant un instant qui sembla être une éternité, nous nous regardions. Ce n'était pas gênant, ni absurde. Tout me semblait… approprié. Sa main posée sur ma joue était la preuve que nous avions dépassé le stade de la normalité. Etait-ce pour cela que depuis que nous nous connaissions, le contact physique était interdit entre nous ? Car sans aucun doute l'un de nous aurait craqué et aurait commencé à jeter son dévolu sur l'autre ? A présent, j'étais prêt à l'assumer, oui. C'était bien également la première fois que nous étions restés sérieux aussi longtemps. C'était plaisant. J'aimais cette nouvelle sensation qui se diffusait dans mon corps bien qu'elle m'effrayait un tantinet. L'action ne fut pas longue à reprendre. Sans même m'en rendre compte, sans pouvoir faire quoi que ce soit – même si je n'avais nullement l'intention de la stopper – je retrouvais ma demie soeur à califourchon sur moi. Surpris, je la regardais une nouvelle fois dans le blanc des yeux. C'était… incroyable.
Ses mots résonnaient comme un appel à la décadence, à la volupté, à l'animalité. Appel auquel il fallait immédiatement répondre, évidemment. « N'ai-je pas été suffisamment démonstratif ? » lui demandais-je en glissant doucement ma main le long de sa cuisse. N'avais-je pas été en train de l'embrasser à quatre heures du matin lorsqu'elle avait ouvert les yeux ? Cela avait dû laisser bien penser quelles étaient mes intentions. C'était comme si c'était le moment, comme si je devais lui montrer à quel point je l'avais désiré parfois - parce évidemment, j'en avais eu tout au long de notre relation, du désir – et que je devais lui montrer ce soir. Alors, vivement je l'attire vers moi et m'empare de ses lèvres avec ma bouche. Oh mon dieu, ses lèvres avaient une douceur insoupçonnées. L'embrasser, c'était comme faire quelque chose dont on avait été privé pendant trop longtemps. J'avais l'impression que c'était comme si nous ne nous étions jamais fais toutes ces saloperies, comme si c'était deux autres personnes qui assumaient pleinement leurs attirance mutuelle jusqu'alors toujours ignorée. Après plusieurs de ses baisers fougueux, je lui retirais son top. Admiratif devant ses formes, je restais muet un instant puis dans un élan je me redressais pour lui faire face. Je l'embrassais à nouveau, comme si, je ne pouvais plus m'arrêter, comme si j'étais ensorcelé. Mes lèvres se baladaient sur tout l'ensemble de son corps. Je n'en pouvais plus, j'en voulais plus.
Les mains fermes dans le dos nu de Julianna, j'inversais les places, la faisant glisser afin de passer sur elle. Son regard perçait la pénombre, son sourire en coin me faisait chavirer, j'avais l'impression d'être un simple mâle incapable de contrôler ses impulsions. Je sentais à présent sa respiration qui s'était accélérée au même niveau que la mienne. Mes gestes restaient plus qu'intenses mais incomparable à mon envie de faire plaisir à Birdie. J'entrepris d'enlever mon boxer pour la deuxième fois de la soirée quand soudain, un détail me bouleversa, m'arrêta net dans ma lancée. Brusquement, je me redressais. Comment avais-je pu me laisser aller alors qu'il me manquait quelque chose d'essentiel pour pouvoir continuer sur ce que nous avions vraisemblablement planifié. « Merde… » Je n'avais aucune idée de comment Julianna allait pouvoir bien prendre la situation. « Je… j'ai pas de… protection » lâchais-je finalement dans un soupir. Déçu de moi-même comme je ne l'avais jamais été auparavant. J'avais tout fait foiré. Combien de temps avant que la tension et la gêne ne se remarquent dans le pièce?

La manière dont nos regards s'étaient accrochés et restaient crochetés l'un à l'autre était à la fois terrible et magnifique. Moi qui aimait avoir le contrôle des choses, j'étais totalement assujettie au regard de feu que posait Cassidy sur moi. A ce moment là, il me tenait à sa merci. Et pour la première fois de ma vie, j'étais prête à lui laisser l'avantage. Il n'était plus question de perdre ou de gagner, je voulais juste apaiser la tornade de feu qui semblait sévir en moi. J'étais troublée, plus que les mots ne pourraient jamais le dire. Le silence entre nous s'épaississait sans que nous ressentions le besoin de le briser. J'avais toujours imaginé qu'il y avait une alchimie particulière entre nous. Mais je l'avais associé à la haine. Pas au désir. Ma main sur sa joue était douce. Loin des gifles que je lui avais assénées dans le passé, sa peau picotait sous mes doigts. Il fallait se rendre à l'évidence, nous étions capables de faire de grandes choses ensembles. Des choses positives qui plus est, car rien n'était plus agréable que la chaleur de son corps près du mien. Peut être qu'on fond, je l'ai toujours détesté parce que j'avais senti qu'il pourrait prendre le contrôle, me faire basculer loin des murs que j'avais soigneusement établis entre moi et le reste du monde. Je soupirai. Je refusais de paraître faible. Comme souvent, j'effectuais un compromis entre ce que je voulais et ce que je voulais laisser paraître. Me perchant sur lui, j'adoptais l'attitude d'une dominatrice sûre d'elle alors qu'intérieurement, je me liquéfiais.
La réponse qu'il donna à ma question acheva de mettre ce qui restait des mes entrailles en fusion. « N'ai-je pas été suffisamment démonstratif ? » Oh si, il l'était. Et si ce n'était pas lui, c'était la paume de sa main qui courait impitoyablement le long de ma cuisse. Je bloquais ma respiration, submergée par les sensations. Il m'attira à lui pour m'embrasser, geste auquel j'étais décidé à n'apposer aucune résistance. Je lui étais vraiment reconnaissante de prendre autant d'initiatives, d'avoir suffisamment confiance en moi pour se dévoiler ainsi sans avoir peur que je le ridiculise. De nous deux, c'était lui le plus généreux. Il avait un cœur tendre même s'il préférerait sans doute mourir plutôt que de l'avouer. Le fait qu'il m'ait pris avec lui en colocation malgré les ennuis que je lui avait apporté ou le fait qu'il pleure toujours sa put de Caroline suffisait à le prouver.

Mon top s'envola loin au pied du lit et je me retrouvais torse nu face à lui. Encore une première, inutile de le préciser. La pudeur n'avait jamais occupée une grande place dans ma vie, je restai donc parfaitement immobile quand ses yeux s'attardèrent sur mes seins. Et puis, moi je ne me gênait pas pour reluquer son torse parfait à la moindre occasion, donc je n'avais rien à redire. Qui plus est, j'aimais la façon dont nous prenions notre temps et je brûlais d'anticipation. Il se mit assis et nos deux peaux se rencontrèrent à nouveau. J'étais brûlante et chavirée de désir tandis qu'il se renversa sur moi. Le moment de pur plaisir était imminent. Cependant, j'aurais dû me rappeler que la fête ne durait jamais longtemps avec Bingham. Soudainement, il se redressa, s'écartant de moi comme s'il avait été brûlé. C'était peut être bien possible, j'étais chaude comme la braise....« Merde… » Je savais qu'il n'était pas question d'impuissance, je l'avais senti. Venait-il de se rendre compte de ce que nous étions en train de faire ? Allait-il vraiment se montrer lucide alors que je m'étais totalement abandonnée à lui ? « Je… j'ai pas de… protection ». Une simple phrase mais qui venait d'anéantir toutes mes attentes. Le spontané de la situation venait de mourir tout comme mes espoirs de prendre mon pied ce soir. Car s'il n'y avait pas de préservatif dans cette chambre, il n'y en avait pas du tout dans cet appartement. Pour coucher avec des garçons, il ne fallait pas les faire fuir. Or j'étais championne toute catégorie dans ce domaine. Je n'avais par conséquent aucune protection moi non plus. Face à ce constat, je redeviens aussi râleuse et élégante que d'ordinaire. « Putain ! De toute celle que tu as faites, celle-ci est la plus belle ! J'ai l'impression d'être retournée en terminale avec ce crétin de Simon Newton ! Sérieusement, tu n'as pas de capote ! Les londoniennes ne te plaisent pas ? Je croisais les bras sur ma poitrine nue, tandis qu'il me dominait toujours. On avait l'air intelligents, ce n'était plus à prouver. Je remâchai ma frustration comme une vieille femme la veille de son anniversaire. « Tu crois que c'est un signe du destin ? Comme quoi ce qu'on faisait est mal ? Je suis certaine de ne pas vouloir d'enfant avec toi. Ne serait-ce qu'à cause de la gueule de l'Etat civil... » Malgré l'ironie que j'employais, j'avais posé une vraie question. Je me surprenais à être aussi bavarde alors que la gêne était en train de m'envahir. Je me mis à fixer le plafond, réfléchissant à toute allure. Il ne fallait plus que je le touche, sinon les choses allaient forcément dégénérées. Si je l'envoyais à la pharmacie par menaces et contraintes, le moment serait définitivement tué. Non vraiment, on était dans une belle situation à cause de lui. J'hésitais entre le frapper ou lui sauter une nouvelle fois dessus.

Tout ce qui s'était produit ce soir était une réaction en chaîne. Une succession de faits indirectes qui nous avaient menés ici. Le commencement devait être alors être l'explosion de l'orage. Ou peut-être que c'était même avant cela. Qui sait ? Le fait est qu'à présent, nous nous retrouvions dans une belle situation. Ironiquement parlant. J'étais assis, gêné et je n'osais même plus croiser le regard de Julianna. Pourtant, il le fallait bien. Après ce qu'il venait de se passer, je jugeais que nous pouvions faire face à la gêne engendrée par un tel incident. Pour le moment, tout n'était pas perdu. Même si j'avais totalement cassé le potentiel sauvage et érotique et de la situation, Julianna pouvait peut-être avoir ce qu'il nous fallait. Apparemment ce n'était pas le cas. Et pour la peine, j'en pris plein la face. Je ne savais pas comment le prendre. Était-ce réellement justifié que le blâme me soit attitré ? Possible. C'est moi qui avait commencé à l'embrasser. Mais encore une fois, c'était la conséquence indirecte de ce foutu orage qui l'avait poussé à venir dormir avec moi. J'excellais dans la déculpabilisation. Toujours immobile, je repris sur un ton plus clame que celui de Birdie, mais tout de même cloqué et possiblement vexé. « Ouais eh ben excuse moi de ne pas être le serial baiseur que tu pensais que j'étais ! » Jamais je n'aurais cru avoir à donner un tel justificatif. C'était bien une première fois. Une nouvelle pour ce soir. Encore. Quand la jeune femme reprit la parole, je me dégageais d'elle et me flanquais à sa gauche. Quand il fallut lui répondre, je ne savais pas vraiment quoi dire. Sa question était inattendue. Mais finalement, elle me permit de prendre conscience de quelque chose d'assez important : en effet, tout n'était pas perdu. « J'y crois pas au destin, c'est comme l'astrologie ou le karma, des tissus de conneries. Si ce qu'on faisait était vraiment mal, on s'en serait rendu compte nous même, tu ne penses pas? Faut bien qu'elle nous serve à quelque chose notre conscience. » Je soupirais et finalement posais à nouveau les yeux sur Julianna. Ma conscience à moi allait très bien. « Mais s'il n'y a que l'aspect procréation qui te dérange, il y a toujours moyen de s'arranger... » D'accord, la subtilité n'avait jamais été mon fort et avec cette proposition, je gagnais un billet direct pour l'enfer. Heureusement pour moi, en plus du karma, du destin et tout le reste, je ne croyais pas non plus en une quelconque religion. A présent, c'était également à mon tour de regarder le plafond. De peur de m'en prendre une, je n'osais même plus regarder ma demie soeur. Et jusqu'à ce que j'ai une réponse, il fallait justement que j'évite de la regarder ou surtout de la toucher. J'avais été responsable une fois, je m'étais arrêté mais qui sait si j'en serais capable une deuxième fois.

On ne se rend jamais compte du ridicule d'un moment, jusqu'à ce qu'il devienne un souvenir cuisant. Je crois que je venais de trouver l'exemple parfait pour illustrer cette assertion. La situation n'avait guère évoluée. Toutes les promesses de plaisir ne semblaient plus qu'un lointain souvenir, tandis que Cassidy restait bloqué sur moi, sans doute pétrifié par sa bêtise. N'allez pas croire que je ne me morigénais pas pour ma propre bêtise à moi, j'aurai du savoir que quelque chose allait mal tourner. Quand j'étais en compagnie de mon demi-frère, je n'avais aucun contrôle, les choses n'allaient jamais comme je voulais. Parfois le résultat était meilleur. Parfois, il ne l'était pas. « Ouais eh ben excuse moi de ne pas être le serial baiseur que tu pensais que j'étais ! » Visiblement, Monsieur Bingham se sentait au dessus de tout reproche, comme en témoignait l'outrage que j'entendais dans sa voix, tout à coup plus perchée. Je roulais allègrement des yeux. Son rôle de victime ne prenait pas avec moi. « Non, je ne t'excuse pas ! Qu'est-ce que tu crois ? En matière de baise, le partage est plutôt inéquitable. Qui c'est qui a le plus de chance de tomber enceinte ? Hein ? A côté de cet énorme risque, de cette possibilité susceptible de détruire ta vie, tu as une seule obligation : avoir une capote sur toi. Le mec emmène la foutue capote, c'est la règle. La piètre compensation que vous nous devez ! » . Je montais crescendo dans la colère, mais je fus vite arrêtée par des coups tapés au plafond. Visiblement, j'avais haussé la voix plus que je ne l'imaginais. Cela eut au moins pour effet de dégager Cassidy de mon corps pantelant. Il s'allongea à côté de moi. Peut être que adopter la même position que tout à l'heure, quand nous étions en parfaite osmose eut un effet inconscient sur moi et sur lui, car la conversation redevient un petit peu plus calme. La réponse que me fit Cassidy quand je lui demandais si finalement nous nous étions arrêtés à temps fut tout à fait charmante. « J'y crois pas au destin, c'est comme l'astrologie ou le karma, des tissus de conneries. Si ce qu'on faisait était vraiment mal, on s'en serait rendu compte nous même, tu ne penses pas? Faut bien qu'elle nous serve à quelque chose notre conscience. » Je pesais ses mots, tout à fait disposée à les accepter. Je cherchais même une solution pour le récompenser de ses paroles pleines de sagesse. Malheureusement, pour lui, il reprit la parole. « Mais s'il n'y a que l'aspect procréation qui te dérange, il y a toujours moyen de s'arranger... » Est-ce que j'avais seulement utilisé le mot charmant pour décrire ce sombre individu ? Je ne croyais pas ce que je venais d'entendre. Je fermais les yeux, inspirait et expirait mais il venait vraiment d'employer le mot procréation, annihilant ainsi toute la sensualité qui s'était échappée de notre étreinte. « Je n'en reviens pas. Il y a une solution à tout avec toi, n'est-ce pas ? Et ben figure toi, qu'à présent, il n'y pas que l'aspect procréation qui me dérange ! » . Je sautais en bas du lit, complètement dégoûtée par ce qu'il suggérait tranquillement, comme si après tout, il s'agissait de finir notre petite affaire tranquillement. J'entrepris de chercher mon top, décidée à me rhabiller. « Vraiment, je crois que j'ai plus envie de rien là. Tu as raison, tu n'as rien d'un serial baiseur ! » . J'espérais ainsi faire diminuer ma frustration en attaquant son égo de mâle. Je mis enfin la main sur mon top, et l'enfilait. Direction la cuisine, j'avais besoin d'une bière ou de quelque chose d'alcoolisé pour finir cette soirée merdique en beauté...

Je n'en revenais vraiment pas de devoir assister à un procès pour la simple raison que je n'avais pas de préservatif. Je n'avais jamais été prévoyant et jusque là, dans 99% des cas, je n'avais jamais eu de problème. Là, j'avais droit à toute une scène. C'était pas croyable. Déjà, pourquoi aurais-je eu une capote sur moi alors que jamais je ne me serais imaginer faire quoi que ce soit avec Julianna? Oh et puis, il y avait toujours l'option de l'avortement pour une femme, ou même de la pilule du lendemain. Ce n'était, en bref, pas si grave que cela de ne pas avoir de capote. Enfin, Julianna n'avait pas l'air de mon avis… Alors je préférais me taire plutôt que d'animer encore plus sa flamme. Cette même flamme qu'elle avait quand elle me prenait pour un moins que rien ou quand elle me pourrissait la vie. Je ne l'avais pas vu depuis un bon moment et je devais avouer qu'elle ne m'avait pas manqué. J'avais largement préféré celle que nous animions quelques minutes auparavant. Malheureusement, elle ne semblait être qu'un lointain souvenir.
Je compris pourtant que j'avais dis quelque chose de mal à l'instant même où je l'avais prononcer. C'était comme si, je m'appliquais à bousiller ce moment unique et surtout, magique que je venais de partager avec ma demie soeur. Je m'en voulais même si dans le fond, je n'avais pas idée que ma proposition provoquerait un telle réaction chez la demoiselle. Je la regardais tandis qu'elle s'en allait. Triste de constater que tout était terminé. Je me laissais tomber, inspirait grandement et finalement me levais à mon tour. Je m'habillais aussi parce que bizarrement, ma tenue ne semblait plus appropriée après ce qu'il s'était passé. J'enfilais un vieux jogging et un t-shirt sans forme, ne pouvant que tuer le sex appeal. Alors que je me dirigeais vers la cuisine, il était temps pour moi de faire preuve de maturité et de m'excuser. Elle avait refuser de m'excuser pour le fait de ne pas avoir de capote, elle ne risquait pas non plus de me pardonner maintenant. J'essayais tout de même. Rien que pour la forme, au moins. "Julianna… je suis désolé". J'arrivais dans la cuisine, la lumière m'éblouissait mais qu'importe. A mon tour je pris une bière bien fraîche dans le frigo. Je ne savais pas trop comment m'y prendre à présent. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir gêné et très mal à l'aise, j'arrivais à peine à la regarder. "Tu me connais… tu sais que je peux être… grossier." Après une réfléxion de quelques secondes, je reposais la bière à sa place. Boire n'était vraiment pas ce qu'il me fallait tout de suite. J'avais l'impression d'avoir le devoir de faire face à mes responsabilités. Enfin, ce n'était pas pour ce qu'elles comprenaient. J'allais repartir en direction de ma chambre quand finalement je m'arrêtais au niveau de la porte. Je me retournais et tentais de finir la nuit d'une façon plus… acceptable. "Si tu veux qu'on ne reparle jamais de cette nuit, ça me va. Mais, j'ai une dernière chose à te demander… s'il te plait, reste avec moi encore, juste quelques heures."

Cassidy encaissait les reproches en silence, sans avoir l'air pour autant convaincu de les mériter. C'était tout lui ça, trop lâche pour répliquer mais trop arrogant pour admettre qu'il avait tort. Sa petite expression narquoise qui disait « cause toujours ma vieille, on est deux dans l'affaire » n'était malheureusement pas destinée à apaiser mes nerfs. Je refusais de relativiser ou de penser à des solutions alternatives alors que je venais tout bonnement d'être privée d'orgasme. Bingham, qui l'espace de quelques heures avait été mon sauveur et mon fantasme, avait regagné sa place légitime dans mon esprit tourmenté. Je me rappelais enfin à qui j'avais affaire.
Pourtant, il n'avait rien perdu de cette sensibilité totalement inédite dont il faisait preuve depuis quelques temps. Au fil de mes brimades, il eut l'air presque coupable. Et Dieu sait que quelques années en arrière, il m'aurait rit au nez. Et j'aurais répliqué de la manière la plus violente possible. Mais pas maintenant. Ma colère s'apaisait d'elle même. Finalement, son silence m'apaisait. Il ne s'agissait pas d'avoir dernier le mot. Nous n'étions plus les gamins totalement immatures de Thunder Bay ou de Liverpool. Aussi surprenant que cela puisse paraître, nous avions fait du chemin.

Enfin, pour le moment, c'est moi qui avait fait du chemin, ne trouvant pas d'autre alternative que de m'enfuir. J'avais remarqué que sur certains points, j'étais très lâche. Mais je n'eus pas le temps de m'abandonner à faire de l'introspection. Des bruits de pas dans le couloir m'indiquèrent que je ne resterai pas seule longtemps. J'aurais dû être agacée mais en fait, j'étais plutôt satisfaite qu'il m'ait suivie. "Julianna… je suis désolé" Je profitai d'avoir la tête dans le frigo pour sourire en toute tranquillité. Ainsi, il avait dit les mots magiques, ceux qui requéraient tant d'humilité. Je senti ma colère fondre comme neige au soleil. Il se rapprocha du frigo pour prendre une bière, tandis que je cherchais quoi répondre. Une nouvelle fois, nous étions à proximité l'un de l'autre. Mon cerveau trouvait l'information proprement inutile mais mon cœur et ma peau encore enflammée par les baisers qu'il avait déposés dessus y accordèrent beaucoup plus d'importance. "Tu me connais… tu sais que je peux être… grossier." Il déposa la bière, visiblement très mal à l'aise. Woah, décidément, la bonne volonté avait trouvé un maître ce soir. Je ne pouvais guère continuer à jouer les harpies sans passer pour une tarée finie dans une telle situation. « Non mais c'est moi qui devrait être désolée. J'y suis peut être allée fort pour le coup. » . C'était le plus que je pouvais faire, même si n'importe qui aurait prononcé des paroles bien plus adaptées. Mais sur le baromètre de Julianna, c'était déjà un petit séisme. Puisque les gestes parlaient plus que les mots, je repris la bière qu'il venait de poser, lui tendant sans le regarder. Après tout, il l'avait bien méritée.

Il quitta la cuisine. Et alors que j'envisageais sérieusement de faire une orgie de crème glacée pour me remettre de mes émotions, il revint sur ses pas. "Si tu veux qu'on ne reparle jamais de cette nuit, ça me va. Mais, j'ai une dernière chose à te demander… s'il te plait, reste avec moi encore, juste quelques heures." Quand était-il devenu adulte et moi pas ? J'inspirai. « Je suis certaine qu'on rigolera de ce souvenir bientôt. C'est juste trop tôt ce soir. » . Je fus surprise de constater que je le pensais. Il m'avait désarmée. Il avait tellement des yeux de chiot malheureux, qu'à ce moment, j'aurais fait n'importe quoi pour le réconforter. J'avais même envie de traverser la cuisine et de le prendre dans mes bras. Au lieu, de ça, j'attrapais une bière et je le rejoignis dans le couloir. Je n'aimais pas franchement me sentir émue par que ce soit. « Ok, on reste ensemble... Mais on regarde Freddy. » Je l'entraînais à ma suite, avant qu'il n'ait le temps de faire marche arrière. Je n'avais que trop besoin de compagnie pour regarder ce film qui me terrorisait depuis ma prime enfance. Nous n'avons pas les moyens, d'aménager trop l'espace, nous n'avions donc pas de réel salon. Les télés se trouvaient dans nos chambres respectives. La plupart du temps, nous regardions nos trucs chacun de nos côtés. Mais cette soirée n'était pas comme les autres, ce n'était plus à prouver. A contrecœur, je choisis de retourner sur les lieux du crime, sa chambre parce que c'était lui qui avait le meilleur écran. Et puis bon, je ne pouvais pas ne plus jamais entrer là dedans. Ignorant les draps froissés, j'entrepris de mettre le DVD. On pouvait rester sur le même lit sans se sauter dessus, non ? Espérant que la réponse était oui, je lève ma bière comme si rien de tout cela n'était perturbant. « Alors à quoi on trinque ?

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